Lorsqu’un enfant refuse de voir l’un de ses parents, il convient de s’interroger sur ses motivations réelles et de tenter de rétablir leurs liens, car il en a besoin pour construire son identité, conseille le professeur de psychologie Gérard Poussin.
Comment réagir lorsque l’enfant d’un couple séparé refuse de voir son autre parent, celui qui ne l’héberge pas le plus souvent ? La réponse est délicate, car elle met en cause notre propre vécu de la séparation. Demandez-vous, pour commencer, si l’enfant n’exprime pas ainsi son soutien au parent resté seul, surtout s’il le voit souffrir tandis que l’autre a refait sa vie ? Nous-même, ne le vivons-nous pas comme une revanche ? « La manipulation parentale n’est pas toujours consciente, remarque Gérard Poussin, psychologue clinicien et professeur de psychologie, mais elle est à bannir pour l’équilibre de l’enfant, qui porte en lui son père et sa mère, et risquerait de se sentir scindé en deux s’il n’est pas autorisé à aimer l’autre parent. »
Un autre problème se pose à l’adolescence, lié au désir d’autonomie et au rejet de l’autorité. Si un parent se montre trop rigide ou trop intrusif, l’enfant peut être tenté d’habiter chez le plus laxiste, quitte à noircir le tableau : « Maman est invivable », « Papa se désintéresse de moi »… « L’idéal serait, conseille Gérard Poussin, que les parents discutent pour cerner les motivations réelles de l’adolescent (Se sent-il rejeté par son beau-parent ? A-t-il simplement envie de sortir tous les samedis soir ?) et réfléchissent ensemble au moyen de maintenir le lien. » Si les parents ont du mal à communiquer, une médiation familiale peutêtre profi table. Enfin, ne négligez pas d’éventuelles situations de maltraitance. Interrogez-le à ce sujet, recueillez l’avis d’un tiers pour vérifi er qu’il ne fabule pas et mettez-le en sécurité au besoin. Dans tous les cas, il importe de repérer les signes précurseurs (désinvestissement scolaire, violences verbales ) avant que la relation se dégrade. Lorsqu’un enfant refuse de voir son parent, il est souvent trop tard.
Par Anne Lanchon via Psychologies.com