La résidence alternée côté mère

résidence alternée témoignage - 2houses

Témoignage de Viviane

Nous avons interviewé Viviane, employée dans une agence de relation de presse, mère de P, 5 ans, pour connaître son sentiment sur la résidence alternée

Le JAF m’a imposé une garde alternée pendant 1 an et demi.
J’ai 34 ans et je vis depuis toujours à Paris. Je me suis mariée en 1993, j’ai eu ma fille en janvier 1997. Nous nous sommes séparés avec son père lorsqu’elle était âgée de quelques mois, et notre divorce a été prononcé en 2000.

Notre expérience avec la garde alternée a été imposée par le juge, en conciliation. En effet chacun de nous demandait sa garde et la présidente a jugé préférable de ne pas statuer sur la résidence de P (notre fille) chez l’un ou l’autre dès le démarrage de la procédure.Elle voulait instruire plus avant le dossier et éclairer son point de vue dans un dossier complexe vu de l’extérieur.

Nous louions un appartement et avions depuis la naissance de P une nounou à domicile, le juge a donc décidé que P resterait dans l’appartement à temps complet avec cette nounou dans la journée, son père y résiderait les semaines impaires et moi les semaines paires.
Nous devions partager les frais de nounou, de loyer etc?
L’un était présent du lundi soir (relevait la nounou) au lundi matin suivant ( à l’arrivée de cette dernière) alors que l’autre arrivait le lundi soir etc, Il n’y avait donc pas de connexion entre son père et moi.
Ce système a fonctionné durant 1 an 1/2 de l’âge de 4 mois à 18 mois environ, jusqu’à une décision du juge sur notre divorce.

En étant sincère, bien que la séparation avec ma fille était difficile car elle était très très jeune, et ayant encore peu de recul finalement car c’était il y a 2-3 ans seulement, cette solution a bien fonctionné.

Pour P d’abord : la situation était réglée comme du papier à musique, elle a très vite pris le rythme régulier et constant de cette solution avec, il est vrai, la chance d’avoir une présence féminine constante remarquable (la nounou). Bien sûr ce n’est pas sa mère mais son rôle était crucial. Cela dit je n’ai pas les moyens de connaître réellement les effets de ces séparations répétées.
Ce que je sais simplement c’est qu’aujourd’hui cette enfant est très équilibrée, sereine et ne se sent pas abandonnée par l’un ou l’autre.

Au final quand on prend du recul (en faisant abstraction des difficultés matérielles pour les adultes) elle avait un univers constant (l’appartement), une nounou en or très présente et finalement des parents qui se consacraient à 100 % à elle, ayant le temps, les semaines creuses, de se consacrer intellectuellement à la gestion de ce divorce difficile .

Pour moi (je ne parlerai pas pour son père !) : la situation était difficile car j’étais séparée de ma fille mais comme je viens de le dire les semaines « sans » me permettaient de prendre du recul, « d’encaisser » affectivement et humainement les affres de ce divorce « guerrier ».

Cette solution a aussi sans doute beaucoup arrangé les choses car je pense qu’aucun de nous ne ressentait la lourde injustice de la garde arbitraire décidée par un juge qui ne connaît pas encore les faits. La juge n’avait pas fait de « préférence » ce qui a permis de laisser sans doute passer un peu la hargne des premiers temps de façon plus facile (surtout pour mon ex mari qui avait demandé le divorce pour faute).
Néanmoins cette solution a été arrêtée, et P est venue habiter avec moi, mais voyant toujours beaucoup son père.

Sans la décision du juge, je n’aurai jamais décidé une garde alternée, partant du principe que, surtout jeune, un enfant doit rester avec sa mère si possible. Cela dit en voyant le résultat aujourd’hui, je dois reconnaître que pour l’instant cela a été plutôt bénéfique, surtout pour calmer les esprits et laisser un peu de temps aux choses, et dieu sait si ce point est crucial car il est la clé de beaucoup de conflits de divorce.

Il faut néanmoins absolument qu’il n’y ait aucun différent matériel et financier car les écarts sont faciles. Ce serait même dangereux car c’est tout de même un levier évident qui permet d’embêter l’autre.

Dans notre cas, c’est véritablement la garde que nous nous  » disputions « , nous savions chacun qu’il ne fallait pas déplacer le débat, au risque de nous perdre dans notre requête profonde.

Aujourd’hui, nous ne faisons pas perdurer ce système de garde car je pense que P a beaucoup grandie et que les années de construction de 2 à au moins 7 ans devaient se faire en majorité avec moi (mais aussi beaucoup avec son père), nous avions d’ailleurs quand même un peu de retard à combler dans la relation mère/fille.

A l’avenir je ne sais pas encore ce que l’on fera, je n’exclus aucune solution d’office.
Je pense que nous devons gérer une situation qui évolue au fil du temps et les changements de situation à partir de l’âge où un enfant sait retenir le meilleur de chacun et surtout ce dont il a besoin sans pour autant le faire en cumulant les heures de présence (quel est-il me direz-vous ? ? !).

Il est impossible de statuer une bonne fois pour toute dans la vie d’un enfant. Nous parents, devons constamment observer, écouter, se remettre en question pour essayer d’être le plus proche possible des vrais besoins de nos enfants? Et dieu sait si c’est difficile !

source: Elledivorce.com

La résidence alternée coté père

résidence alternée du côté du père - 2houses

Témoignage de Felix

Nous avons interviewé Félix, 36 ans, commercial, père de Philippe, 6 ans, pour connaître son sentiment sur la résidence alternée

 

Depuis 5 ans vous pratiquez la résidence alternée, et justement c’est d’actualité car la loi est en train de changer. En tant que précurseur, pourquoi et comment aviez-vous à l’époque choisi ce type de garde ?
En 1996, quand nous avons divorcé, légalement il n’était pas possible d’avoir une double résidence pour l’enfant.
Le juge a donc donné la garde à ma femme, mais pour des raisons professionnelles elle avait besoin de se déplacer souvent en province. Nous nous sommes tournés naturellement vers ce type de solution, sans passer devant le juge aux affaires familiales.

Quels conseils donneriez-vous aux parents qui envisagent ce type de solution?
A mon sens il faut qu’il y ait un dialogue entre les parents, une vision commune de l’éducation (choix de l’école , religion etc?), et évidemment une proximité géographique.
Mais il y a une erreur à ne pas commettre : Chacun doit rester chez soi, je ne vais jamais dîner ou prendre un verre chez mon ex .
Au départ on a essayé de fêter l’anniversaire de Philippe ensemble : on croyait lui faire plaisir et ça l’a complètement déstabilisé : au moment de la séparation il ne savait plus chez qui il devait aller et ne voulait pas en quitter un des deux, il était très triste et m’a dit tu n’as qu’à dormir chez maman ce soir.
Depuis nous alternons les Noëls : une année sur deux et on fête 2 anniversaires.

Y-a-t’il un risque pour les enfants et pour vous ?
A mon avis il n’y a aucun risque pour l’enfant mais ça oblige chaque parent à mieux s’en occuper.

Quels sont à votre avis les avantages d’une garde alternée, pour vous, pour votre ex femme, pour les enfants ?
Je pense que ça assure la stabilité de l’enfant, et ça évite aux parents de devenir des papas ou mamans cadeaux.
Pour les pères qui s’occupaient des enfants avant divorce : rien ne change.
Mais pour les autres il y une nette dérive à devenir un papa cadeaux présent le temps d’un week-end ; les mâles ont une grande faculté à se détacher des enfants.
Chaque parent peut participer à la vie quotidienne de l’enfant, et peut s’investir à fond dans sa semaine.
On est plus apte à gérer les caprices ou les maladies, car on sait que la semaine suivante, on pourra souffler.

Quels sont à votre avis les inconvénients d’une garde alternée, pour vous, pour votre ex femme, pour les enfants?
L’inconvénient : on s’interdit tous de déménager et on reste dans le même périmètre.
Imaginez un peu : deux couples recomposés, tout les quatre étaient mariés, en faisant un calcul simple cela fait finalement 16 adultes concernés, sans parler des enfants.
2ème inconvénient : on a tout en double.

Comment votre enfant a-t’il réagi quand il s’est trouvé confronté à deux maisons ?
Bien, il sépare tout à fait les deux.
Dès que Phil arrive chez moi, je lui explique toujours combien de temps cela va durer pour qu’il puisse se repérer. Je le faisais compter sur ses doigts pour qu’il comprenne mieux et qu’il ne soit pas trop malheureux.

Pensez-vous que l’on doit généraliser ce mode de garde ?
On peut généraliser ce mode garde car il n’y a aucune raison pour que la femme prenne tout à sa charge à partir du moment où elle divorce

Source: Elledivorce.com

Il ne veut plus voir son père ou sa mère

enfant refuse de voir un de ses parents - 2houses

Lorsqu’un enfant refuse de voir l’un de ses parents, il convient de s’interroger sur ses motivations réelles et de tenter de rétablir leurs liens, car il en a besoin pour construire son identité, conseille le professeur de psychologie Gérard Poussin.

Comment réagir lorsque l’enfant d’un couple séparé refuse de voir son autre parent, celui qui ne l’héberge pas le plus souvent ? La réponse est délicate, car elle met en cause notre propre vécu de la séparation. Demandez-vous, pour commencer, si l’enfant n’exprime pas ainsi son soutien au parent resté seul, surtout s’il le voit souffrir tandis que l’autre a refait sa vie ? Nous-même, ne le vivons-nous pas comme une revanche ? « La manipulation parentale n’est pas toujours consciente, remarque Gérard Poussin, psychologue clinicien et professeur de psychologie, mais elle est à bannir pour l’équilibre de l’enfant, qui porte en lui son père et sa mère, et risquerait de se sentir scindé en deux s’il n’est pas autorisé à aimer l’autre parent. »

Un autre problème se pose à l’adolescence, lié au désir d’autonomie et au rejet de l’autorité. Si un parent se montre trop rigide ou trop intrusif, l’enfant peut être tenté d’habiter chez le plus laxiste, quitte à noircir le tableau : « Maman est invivable », « Papa se désintéresse de moi »… « L’idéal serait, conseille Gérard Poussin, que les parents discutent pour cerner les motivations réelles de l’adolescent (Se sent-il rejeté par son beau-parent ? A-t-il simplement envie de sortir tous les samedis soir ?) et réfléchissent ensemble au moyen de maintenir le lien. » Si les parents ont du mal à communiquer, une médiation familiale peutêtre profi table. Enfin, ne négligez pas d’éventuelles situations de maltraitance. Interrogez-le à ce sujet, recueillez l’avis d’un tiers pour vérifi er qu’il ne fabule pas et mettez-le en sécurité au besoin. Dans tous les cas, il importe de repérer les signes précurseurs (désinvestissement scolaire, violences verbales ) avant que la relation se dégrade. Lorsqu’un enfant refuse de voir son parent, il est souvent trop tard.

Par Anne Lanchon via Psychologies.com

Le divorce et la séparation affectent-ils vos enfants?

divorce - 2houses

Il n’y a qu’à se disputer un peu en couple pour voir la terreur naître dans les yeux de nos enfants. Puis rapidement tombe la question fatidique : « Est-ce que vous allez vous quitter? » La réponse devient rapidement « oui » quand on sait que par exemple, selon Statistique Canada, près du tiers des mariages se solderont par un divorce au Canada.

Est-ce que la séparation et le divorce affectent réellement nos enfants? Les études à ce propos sont nombreuses et contradictoires.

Toutefois, des tendances s’en détachent :

Des réactions différentes selon l’âge

Les réactions des enfants face au divorce sont différentes selon l’âge. Les enfants de moins de cinq ans, qui ne comprennent pas très bien les données en cause dans un divorce, croient que leurs parents cherchent à leur faire de la peine. Ils peuvent aussi éprouver de la régression au niveau du langage, de l’autonomie, des troubles d’alimentation, du sommeil. En deçà de dix ans, ils craignent l’abandon, ils peuvent présenter des problèmes de socialisation et d’adaptation. Les adolescents de parents divorcés pourraient développer des problèmes de relations sexuelles et être davantage enclins à consommer de la drogue que les enfants de foyer intact. 39 % de filles de parents divorcés augmenteraient leur consommation de drogue contre 50 % chez les garçons. Enfin, plus le divorce a été vécu jeune, plus le jeune adulte a de la facilité à établir une relation amoureuse de longue durée.

La dégradation financière de la mère

La dégradation financière de la mère (ou de la personne qui en assume la garde) a une influence sur le mieux-être de l’enfant. Il semblerait, au contraire, que la séparation avantagerait le père (souvent celui qui ne voit l’enfant que les week-ends). L’absence d’un des parents à la suite de la séparation affecte beaucoup leur progéniture. La monoparentalité engendre aussi des difficultés d’adaptation chez le parent et peut occasionner, par la même occasion, différents troubles de comportement.

L’agressivité entre parents

C’est l’agressivité entre les parents qui influence le plus le comportement de l’enfant. Un enfant dont les parents sont constamment en conflits a plus de chances d’adopter des comportements violents, de faire des fugues et d’adopter des comportements suicidaires qu’un couple qui décide mutuellement, et dans l’harmonie, de mettre fin à leur relation amoureuse. Et si les conflits sont nombreux dans un couple, mais qu’ils mènent au divorce, les conséquences seront moins grandes que si le couple continue de se nourrir de disputes, mais demeure dans la même maison. On serait donc à même de penser que le divorce pourrait, dans ces cas, améliorer le bien-être des enfants. Malheureusement, seuls 5 % des parents ont affirmé protéger leurs enfants contre les disputes, les autres s’en servant pour agir à titre de témoins ou de participants chargés de recueillir des preuves, d’espionner, de transmettre des menaces ou des insultes à l’autre conjoint.

Le déménagement

Le déménagement, qui change le milieu de vie de l’enfant (proximité des amis, changement de camarades, école…) aurait également une influence sur son mieux-être. Toutefois, avec le temps, il finirait par s’adapter à sa nouvelle situation si les conflits s’amenuisent.

– Un divorce ou une séparation qui se déroule par l’intermédiaire d’un juge est beaucoup plus néfaste pour l’enfant qu’une séparation à l’amiable.

En résumé, ce qui fait qu’un divorce ou une séparation affecte moins les enfants :

– Que les parents développent une harmonie dans leur relation ou favorise à tout le moins des discussions qui se déroulent en dehors de la présence de l’enfant.

– Qu’ils veillent au bien-être de leur enfant en faisant des choix qui le favorisent (lieu de déménagement, aménagement avec ou sans (e) conjoint (e), aide financière de l’un pour l’autre…)

– Qu’ils favorisent un réseau de soutien constitué de quelqu’un qui peut venir en aide à leur enfant alors que leur stress, leur détresse, voire leur déprime peut s’avérer élevée en cette période de trouble (camarades, frères ou soeurs, professeurs, grands-parents, thérapeutes…). Cette chronique a été rédigée grâce à la consultation d’études recueillies par le Ministère de la Justice du Canada et à une étude réalisée par des étudiants en Sciences politiques de l’Académie de Grenoble.

par Violaine Dompierre,

Maman ou papa divorce et «refait sa vie»

divorce et enfant les parents refont leur vie - 2houses

Au moment où ses parents divorcent, un enfant a plus que jamais besoin de temps et d’attention. Et la formation rapide d’un nouveau couple est souvent un cap difficile à passer pour lui.

La séparation, le divorce. Une épreuve, un échec qu’on voudrait pouvoir toujours éviter. Et pourtant cette réalité fait malheureusement partie de la vie de beaucoup d’enfants. Ont-ils pu s’y faire, ces enfants qui, alors, avaient 3 ou 4 ans, 15 ans ou plus ? Ont-ils compris que leurs parents, à leurs yeux inséparables, ne s’aimaient plus ? Sont-ils convaincus de n’être pas coupables ? Surtout, ont-ils compris que, même divorcés, ceux qui leur avaient donné le jour restaient « pour toujours » leur père, leur mère ? Quoi qu’il en soit, avec l’arrivée chez eux du nouveau partenaire de leur parent, beaucoup de ces fils et filles « divisés » vont connaître un second bouleversement.

Car « la remise en couple d’un parent divorcé secoue toujours profondément l’enfant », constate la philosophe France Bonneton, qui a enquêté auprès de nombreux jeunes concernés par cette réalité. En effet, tout en signant la fin de l’espoir de réconciliation du couple parental, la perspective d’une nouvelle aventure conjugale pour un des parents inquiète l’enfant : « C’est qui cet homme, c’est qui cette femme ? Va-t-il, va-t-elle me plaire ? Et moi, quelle place vais-je avoir ? Devrai-je lui obéir ? Comment va-t-il me juger ? Et s’il a des enfants à lui ? Et si ce nouveau couple échouait aussi ? Comment mon autre parent va-t-il réagir ? »

Les uns, comme Carole qui avait 13 ans quand sa mère lui parla de son projet, ont si peur qu’ils préféreraient prendre la fuite, avant même la cérémonie des présentations : « J’avais deviné depuis longtemps que ma mère était amoureuse, explique-t-elle. Mais, je m’étais juré que si cet homme couchait dans le même lit que papa, je ferais une fugue pour ne pas avoir à le connaître. Ce que j’ai fait trois jours après son arrivée. » Les très jeunes enfants, parfois derrière le masque de l’insouciance, n’échappent pas à cette angoisse, semble-t-il. Ce que traduit la réflexion de ce jeune garçon de 5 ans à son enseignante de maternelle : « Papa est parti avec une autre dame. Et maintenant, maman aime un autre monsieur, et moi je vais rester tout seul… alors je veux rester à l’école avec toi. »

Les premières rencontres avec un beau-parent sont à vivre sur la pointe des pieds. Avec prudence et délicatesse.

Gérard Poussin, professeur de psychologie à l’université Pierre-Mendès-France à Grenoble, explique cette inquiétude par le sentiment d’appartenance que tout enfant éprouve vis-à-vis de ses parents. « Même séparés, ce sont « ses » parents. Si l’un part avec un autre partenaire, il se sent dépossédé, dit-il. Il éprouve un sentiment de perte et d’abandon. »

Autant dire que les premières rencontres avec un beau-parent sont à vivre sur la pointe des pieds ! Avec prudence et délicatesse. « Ce n’est pas toujours le cas, regrette France Bonneton. Au cours de mon enquête, j’ai souvent été effarée de voir à quel point les adultes, engagés dans leur nouvelle passion amoureuse, oublient leur responsabilité de parents. Trop souvent, ils sous-estiment le besoin d’écoute et de compréhension de leurs enfants. »

Même avis de Christine Brunet, psychologue clinicienne et psychothérapeute, qui insiste pour que le nouveau partenaire « ne débarque pas » du jour au lendemain dans la vie de l’enfant. « Seul moyen pour que les parents gardent aux yeux de l’enfant toute leur dignité,souligne-t-elle. Sans ce « sas », les enfants ont l’impression que leur parent pourrait désormais passer d’un amant à un autre et qu’ils les négligent. » Dans le même sens, Florence Cadier, qui, elle aussi, a rencontré de nombreux jeunes pour écrire un livre sur le sujet, témoigne du nombre important d’entre eux qui sont insupportés par « l’exhibitionnisme amoureux» de certains parents aux débuts de leur deuxième relation conjugale.

Pourtant, tôt ou tard, l’enfant doit accepter la situation. Les réactions sont alors multiples. À chaque famille, son histoire, son passé et ses possibles. Les enfants éprouvent des sentiments contradictoires : de l’hostilité franche à la méfiance en passant par la colère, la suspicion ou l’indifférence ou encore le sentiment de trahison ; mais aussi parfois l’espoir de réconfort et de consolation, l’envie de reconstruire une paix oubliée. Certes, l’âge de l’enfant joue. Apprendre quand on est un petit garçon de cinq ans qu’un « monsieur » qui n’est pas son papa va désormais vivre avec sa maman, qui, elle, reste sa maman pour toujours, ne pose pas les mêmes questions que de l’apprendre à 15 ans quand son propre regard est déjà attiré par les filles de son âge.

Parfois l’aide d’un tiers s’avère nécessaire pour que les uns et les autres s’apprivoisent et apprennent à vivre ensemble.

Faut-il en conclure qu’un cas est plus problématique que l’autre ? Les plaintes qui s’entendent sur les lignes du Fil Santé Jeunes, dans les centres d’écoute ou encore dans les cabinets « psy », montrent une réalité beaucoup plus complexe. En effet, de nombreux facteurs s’entrecroisent et se conjuguent, qui influencent ces premiers regards portés sur le nouvel arrivé. Ainsi, le beau-parent était-il déjà dans la vie de l’un des parents ? Des mensonges ont-ils couvert les amours cachés du parent divorcé ? L’entente avec le parent qui a été quitté est-elle bonne ou au contraire conflictuelle ? Les parents ont-ils su se séparer sans se déchirer, établir des relations responsables au sujet de l’enfant pour sa garde et l’exercice de l’autorité ? L’enfant est-il resté longtemps seul avec son parent ? Le beau-parent est-il lui aussi divorcé ? A-t-il des enfants ? Sans compter les situations extrêmes qui transgressent la symbolique générationnelle, comme celle dont témoigne Christophe, 28 ans : « J’avais 16 ans quand mon père s’est remarié avec une fille qui avait l’âge de ma soeur aînée. De ce jour, il a perdu toute mon estime et je n’ai jamais pu accepter ma belle-mère. »

Mais heureusement, dans d’autres cas plus favorables, le temps jouant, associé à la bonne volonté des uns et des autres, les relations peuvent évoluer dans le bon sens. Ce qui au départ était apparu insurmontable ne l’est plus. « Parfois l’aide d’un tiers, comme un thérapeute familial, peut être nécessaire, souligne Gérard Poussin. Pour que les uns et les autres s’apprivoisent, acceptent les changements d’habitudes et fassent les compromis inévitables de toute vie commune. »

Arrive le moment où chacun est assuré de sa place dans la nouvelle constellation familiale, où les droits et les devoirs de tous ont été reconnus, les règles de vie établies. Une nouvelle forme de vie familiale peut alors exister et de nouveaux liens se tisser. Avec, pour l’enfant, la certitude d’avoir gardé l’amour de ses parents et gagné la bienveillance d’un autre adulte. Pour le reste, c’est la capacité de chacun à bien vivre ensemble qui fera la différence. Comme dans toute famille.

 Par Agnès Auschitzka

Divorce: Quels droits pour les grands-parents ?

grands parents et le divorce - 2houses

Les grands-parents sont de plus en plus fréquemment confrontés au désarroi de se voir priver de tout contact avec leurs petits-enfants, du fait, le plus souvent, des relations distendues entretenues avec leurs propres enfants.  Ils sont souvent peu au fait de la procédure applicable, qui, il faut le dire, n’est pas des plus simples.  En effet, si la loi a simplifié les actions familiales, l’action réservée aux grands-parents est restée à l’écart de cette simplification….Par ailleurs, il est intéressant de savoir ce qui est consacré par la loi et la position de la jurisprudence en la matière.

Grand-père, Grand-mère, concerné(e) par cette situation, voici les questions que vous vous posez peut être :

Quels sont mes droits vis-à-vis de mes petits-enfants ?
L’article 371-4 alinéa 1er du code civil consacre le droit de l’enfant d’entretenir des relations personnelles avec ses ascendants, c’est-à-dire le droit de leur rendre visite, le droit de leur écrire ou encore de leur téléphoner.  Les conditions dans lesquelles s’exercent ces relations sont définies librement avec les parents de l’enfant.  En revanche, il arrive que le dialogue soit interrompu avec les parents de l’enfant, en raison d’un divorce par exemple. Un recours au juge doit alors être envisagé.

Quel juge saisir ?
Le juge aux affaires familiales est compétent, sauf lorsque l’enfant est placé. Dans ce cas, le juge des enfants est exclusivement compétent.

Comment agir ? 

L’assistance d’un avocat est obligatoire.
Le juge est saisi par voie d’assignation et l’action est généralement dirigée à l’encontre des parents de l’enfant.
La procédure est écrite et souvent longue.
Une procédure d’urgence peut être envisagée, mais il est rare en pratique que la condition de l’urgence soit remplie.
Le ministère public aura communication des demandes qui sont formées en la matière. Comme en matière de filiation, le ministère public doit veiller à la sauvegarde de l’ordre public en matière familiale.

Quelles sont les conditions légales me permettant de bénéficier d’un droit de visite ? 
Avant la loi du 5 mars 2007, les relations personnelles de l’enfant avec ses grands-parents pouvaient être exclues pour «motifs graves».
La loi n°2007-293 du 5 mars 2007 est venue modifier l’article 371-4 du code civil, qui prévoit désormais que «seul l’intérêt de l’enfant peut faire obstacle à l’exercice de ce droit».
Désormais donc, le juge prend en considération l’intérêt de l’enfant pour accorder ou refuser un droit de visite avec un ascendant.
Il reste que l’intérêt de l’enfant est un concept fuyant, de sorte que le juge fait une analyse au cas par cas.

En cas de conflit ouvert avec le père ou la mère de l’enfant, le juge peut-il néanmoins m’accorder un droit de visite ?
Oui, si le juge estime que le maintien de cette relation avec un ascendant lui parait conforme à l’intérêt de l’enfant.

Quid du cas où l’enfant n’a plus de contact avec l’un de ses parents, qui est mon propre fils ou ma propre fille?

Dans cette hypothèse, le juge pourrait théoriquement être plus réticent à vous accorder un droit de visite.
Force est pourtant de constater que le juge fait preuve de beaucoup de pragmatisme et analyse la situation au cas par cas.
Ce qui se dégage cependant est que la seule opposition du ou des parents de l’enfant ne suffit pas à justifier leur refus, non plus que le seul conflit existant avec vous.
Le juge vérifie dans ce cas que vous êtes aptes à établir des relations sereines avec vos petits-enfants en faisant abstraction du conflit familial. Il est également précisé que le juge est souvent enclin à ordonner une médiation familiale, ou une mesure d’expertise médico-psychologique lorsque les conflits intra-familiaux sont complexes.
Enfin, l’avis de l’enfant reste un élément important pour déterminer si le maintien des relations qu’il entretient avec ses grands-parents est contraire ou non à son intérêt. Rappelons que l’enfant doit, pour pouvoir être entendu, être capable de discernement.

Quelles sont les modalités du droit de visite que je peux raisonnablement espérer obtenir ? 

Il appartient au juge d’apprécier quel est le meilleur aménagement pratique. Il s’agira le plus souvent d’un week-end par mois et d’une partie des vacances.
Mais le juge peut aussi fixer un droit de visite réduit, notamment lorsque les relations ont été longtemps ou violemment interrompues. Il peut également fixer le droit de visite en lieu neutre. Cela peut être le cas lorsqu’il y a un risque pour l’enfant d’entrer en contact avec l’un de ses parents par votre intermédiaire, lorsque le juge estime que cela serait contraire à son intérêt.

Par maître Cécile Steil via elledivorce.com

Enfants du divorce : quelles influences sur leur vie ?

enfants du divorce

L’étude sur les enfants du divorce menée par l’ Union des Familles en Europe a été rendue publique le 2 février 2011. C’est la première fois qu’une grande enquête est menée auprès de personnes ayant connu le divorce de leurs parents au cours de leur enfance.

Comment ces enfants ont-ils vécu le divorce de leurs parents ?

Même lorsque le divorce a été prononcé par consentement mutuel, l’annonce de la séparation a été un moment difficile à passer pour la plupart des répondants. Ils auraient aimé qu’on leur parle et qu’on leur explique pourquoi les parents en sont arrivés là. Souvent, les parents étaient trop concentrés sur leur propre malheur et sur la question de leur échec pour prendre le temps d’écouter la souffrance des enfants. Comme l’a expliqué le pédiatre Pascal Pillet dans un rapport du Défenseur des Enfants, « L’enfant devient spectateur de la séparation, il est oublié, secondaire par rapport à ce qui se joue entre les parents et peut être maltraité par omission ».

Selon les résultats de l’enquête, 38% des adultes interrogés pensent que la séparation de leurs parents aurait pu être évitée. Enfants, ils ont vécu cette situation comme un gâchis et pensent qu’une plus grande communication dans le couple aurait sauvé la cellule familiale.

Concernant l’arrivée dans la famille de beaux-parents, les situations sont très diverses. 46% des personnes interrogées n’ont pas acceptées un beau-père et 58% ont refusées l’arrivée d’une belle-mère. D’ailleurs, 34% des mères restent seules après le divorce afin de protéger leurs enfants ou par peur d’être à nouveau confrontées à une séparation.

La présence des grands-parents est un élément très important au moment du divorce. Ils sont un élément stable de la famille et peuvent jouer le rôle de courroie de transmission entre les enfants et les parents qui parfois se déchirent. Cependant, presque 35% des grands-parents auraient contribué à enliser la situation.

Une situation dramatique a touché presque la moitié des personnes interrogées lors du divorce de leurs parents : elles ont du faire un choix affectif entre les deux parents. 40% des enfants n’ont presque par gardé de lien avec le parent qui n’avait pas la garde. Ce sont aussi 71% des enquêtés qui ont souffert du fait que leurs parents se discréditent entre eux.

Les conséquences du divorce sur la vie des enfants

La souffrance que les enfants ont ressentie lors du divorce de leurs parents a des effets sur le long terme, notamment au niveau des études et de la vie professionnelle. Des études menées par l’Insee en 1992 et 1997 montrent que, pour un même niveau social, les enfants de divorcés réussissent moins bien au bac que les enfants dont les parents sont ensembles. Les personnes ayant répondu à l’enquête de l’ Union des Familles en Europe expliquent leur échec scolaire par un manque de moyen financier pour poursuivre des études longues mais aussi un contexte familial trop perturbé pour se concentrer sur leurs devoirs ainsi que des problèmes d’orientation.

Les personnes interrogées affirment également que le divorce de leurs parents a eu une influence sur leur personnalité.  Beaucoup d’entre eux souffrent d’un déficit de confiance en soi. Dans un rapport du Défenseur des Enfants publié en 2008, la psychologue Catherine Mathelin-Vanier explique que « Dans un conflit très violent, une véritable guerre, une image cataclysmique de lui-même est donné à l’enfant. Il pense qu’il est la moitié d’un salaud puisque son autre parent est ce salaud dont on lui parle sans cesse ».

Adultes, certaines valeurs leur semblent indispensables au quotidien et notamment en matière de relation amoureuse. La fidélité, la communication mais aussi le partage de valeurs communes dans le couple sont pour eux le moyen de ne pas imiter l’échec de leurs parents. Plus étonnant, la foi religieuse est également un élément déterminant dans le choix d’un partenaire. Mais même si ces adultes ont beaucoup souffert de la séparation de leurs parents, ils croient toujours au grand amour et pensent que la princesse ou le prince charmant existe !
Claire Frayssinet via Vivolta.com

Adolescents et divorce, attention fragiles.

adolescents et divorce - 2houses

Sous leurs allures fières et rebelles, les ados ou préados cachent une grande vulnérabilité, qu’un divorce ne vient pas arranger.

Selon une étude récente, 2 adolescents sur 5 ayant eu à vivre un divorce, souffriraient d’un état dépressif.
En général, les conséquences du divorce dépendent notamment de l’âge et de la personnalité de l’ado, mais surtout de la qualité de la relation parents enfants.
L’adolescent considéré à tort comme « le grand », cache derrière sa carapace une grande fragilité, qui peut être bouleversée par la survenue du divorce.

Quels sont les signes d’un éventuel état dépressif ?

Ils sont de différentes natures, en premier lieu, surveiller l’humeur notamment un état de tristesse plus ou moins latente , de lassitude et de désintérêt général, accompagnée d’irritabilité, de troubles de concentration. Il faut être vigilant aussi concernant les insomnies prolongées et les troubles de l’alimentation , pouvant s’aggraver vers un état anorexique.

Bien sûr, au niveau du comportement, des vols, fugues, agressions, ou absences répétées au lycée sont des signaux d’alerte . Au contraire, il peut y avoir une tendance au repli sur soi et à l’isolement qu’il faut prendre très au sérieux, si elle s’installe.

Cette désocialisation, accompagnée de comportements régressifs comme le besoin de jouer à des jeux immatures, de se mettre à fréquenter des plus jeunes que soi, le refus de grandir, le besoin de rester collés à sa mère tout en passant sa vie au crible, peut déboucher sur une véritable crise qu’il faudra soigner.

L’hyper maturité apparente d’un ado peut être aussi un signe :

Il s’agit d’un autre type de réaction, dite paradoxale, en effet certains ados vont pour éviter leur propre souffrance, développer une attitude surprotectrice face à leur mère, en inversant ainsi les rôles. L’ado qui materne, protège et console sa mère, prend sur lui et ressentira ces manques violemment plus tard, entraînant d’incessants conflits ou reproches.

La désidéalisation des parents alliée à une attitude cynique face à l’amour sont des tentatives de fuite face à la réalité, souvent difficile d’un divorce :

Une attitude désabusée prolongée face à l’amour et au mariage, peut être une manière d’effacer la déception liée à la séparation des parents. L’adolescent peut adopter par réaction, un regard qui se veut lucide et mature sur la situation, mais en conclure que lui, ne se mariera jamais, ou que le véritable amour entre un homme et une femme n’existe pas.
Cette pseudo distanciation, qui se veut mature, cache en fait une grande détresse, qui peut envahir sa vision du monde, et lui faire voir  » tout en noir « .

Comment protéger le jeune adulte ? 

Qu’on se rassure, dans bien des cas, le divorce, ne peut laisser qu’une trace de blessure personnelle et de mauvais souvenirs. Mais il faut rester vigilant aux perturbations graves pouvant entraîner des séquelles ultérieures.

Dans tous les cas : il ne faut pas nier ou sous-estimer que l’ado est autant attaché au lien entre ses parents qu’à ses parents eux-mêmes, et que le divorce entraîne, pour lui aussi, un processus de deuil, long et souvent douloureux de la relation parentale . Bien définir les limites entre parents et ados et rester proches, ouverts au dialogue et surtout, rester à sa place de parents !

par Marie Delambre