L’école est mise au banc des accusés
Les parents se plaignent, les profs se plaignent, les enfants se plaignent… Classes surchargées, rythmes épuisants, niveau insuffisant, incivilités, violences, discriminations, racket…
De la maternelle au lycée, l’école est mise au banc des accusés. Qu’est-ce qui nous fait si mal à l’école ? Sommes-nous injustes ? Trop exigeants ? Non. Nous rêvons tous de la « bonne école » pour nos enfants. Une école « à la fois sanctuaire et ouverture au monde », observe Pierre Merle, professeur à l’institut universitaire de formation des maîtres (IUFM) de Bretagne (in « L’Elève humilié » PUF, 2005).
Or, plus nous nous inquiétons, plus nous nous fourvoyons. Certains parents deviennent ainsi des consommateurs d’écoles, à la recherche d’un établissement qui serait à l’abri des conflits personnels, ethniques et culturels, de l’affrontement social entre exclus et nantis. « Ces parents ont une croyance chevillée au corps, constate Marie-Christine Groh, psychothérapeute : c’est à l’école que tout se joue, il faut donc donner aux enfants toutes les chances pour que ça marche, et si ça marche là, ça marchera toujours. »
Pour Patrice Huerre, psychiatre et psychanalyste (1), cette utopie ressemble à celle d’adultes désemparés, attachés à des idéaux grandioses, animés par un désir de résultats immédiats. Même si aucun élève ne peut véritablement s’émanciper de l’esprit de compétition, de la course à la reconnaissance scolaire et sociale, faut-il pour autant accepter qu’il subisse une scolarité dominée par la peur de l’échec avec, à la clé, le risque de dépréciation de soi ? Que faire pour favoriser l’épanouissement des enfants ?
L’école idéale n’existe pas, c’est entendu. Mais, à Psychologies, nous croyons possible de changer les choses. Et de tendre vers une école où « l’enfant se sent sécurisé, respecté, valorisé, motivé et donc prêt à comprendre », comme le souligne Isabelle Filliozat, psychothérapeute. Voici notre programme : cinq propositions pour mieux vivre l’école…
1- Coauteur, avec Fabienne Azire, de Faut-il plaindre les bons élèves ? (Hachette Littératures, 2005).
L’enfant sécurisé
Souvent, le système scolaire insécurise les enfants par des pratiques spontanées, jamais remises en cause, « parce qu’on a toujours fait comme ça ». Insécurisant, l’enseignant qui pose une question et attend de l’élève qu’il donne « la » bonne réponse, celle qu’il a enseignée, alors qu’il pourrait accueillir la réponse de l’enfant et s’appuyer sur elle, aussi inattendue soit-elle. Insécurisant encore de laisser l’enfant dans l’ignorance du programme scolaire, et se demander pourquoi il va à l’école.
« L’enfant met alors en place des stratégies pour calmer ses peurs : l’agression envers les autres ou lui-même, le repli, le rêve », indique Isabelle Filliozat. Pour cette spécialiste des émotions, un groupe rassurant est un groupe dans lequel les enfants partagent les mêmes normes, les mêmes valeurs, mais également un esprit de solidarité, coopératif plutôt que compétitif, un groupe dans lequel chacun peut s’exprimer.
Caroline Sost, spécialiste de l’intelligence émotionnelle, développe un projet d’école innovante où la gestion des émotions fera partie intégrante de l’enseignement. Basée sur les principes de la psychologie positive, une première formation destinée aux professionnels de l’éducation a eu lieu.
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Par Marie-Laure Durand Uberti pour Psychologies.com