L’aîné, surtout s’il est à l’âge de l’adolescence, risque fort de pâtir du divorce, surtout si les parents ne restent pas vigilants et le laissent prendre une place qu’il ne doit pas prendre.
Voici quelques points de repères pour gérer la relation mère-fils, à l’adolescence.
Mère-fils : un dialogue subtil ?
Si votre fils aîné adolescent vit avec vous, il risque de vouloir prendre symboliquement la place de son père. Il voudra vous consoler, vous protéger, vous aider aussi. Si vous êtes une mère complaisante qui laisse s’installer son fils dans cette situation ambiguë, celui-ci risque de ne pas pouvoir se développer harmonieusement et restera fixé affectivement sur vous.
Si vous êtes restée seule, la tentation est grande de s’appuyer sur son fils, pour en faire son confident et son appui, et ainsi le mettre dans une place de remplaçant affectif du père. Cette attitude plus féminine que maternelle, empêchera l’adolescent de grandir et bloquera son accès à la maturité affective.
En effet, un enfant ou un adolescent qui se sent responsable de sa mère ou de ce qui lui arrive, se retrouve dans un rôle d’adulte qui n’est pas sa vraie place ; ce lourd fardeau de responsabilités est inadéquat et déséquilibrant pour lui, qui n’est pas encore adulte.
Toute attitude surprotectrice de la mère est invalidante pour l’adolescent, qui ne peut pas prendre son autonomie affective. C’est ainsi que l’on peut voir de grands adolescents, devenus jeunes adultes qui vivent encore chez leur mère, incapables de s’investir dans une relation durable avec une femme.
C’est pourquoi il est si important que la mère refasse sa vie quand elle se sentira prête et qu’elle le pourra, ce qui lui permettra d’être moins focalisée sur ses enfants, d’avoir sa vie de femme et d’être une mère épanouie.
A l’adolescence, le garçon a fortement besoin de l’appui de son père, parce qu’il représente pour lui son modèle masculin et qu’il l’aide à construire son identité d’homme par le biais d’activités et de temps partagés ensemble. D’autres hommes, tels un oncle, un ami, ou un professeur que l’adolescent admire, peuvent également tenir ce rôle de modèle.
C’est pourquoi, il est important, d’une part, qu’il entretienne des relations régulières avec son père, mais aussi que sa mère ne le couve pas et le laisse faire ses choix, lui donne suffisamment de liberté pour qu’il puisse vivre d’autres expériences en dehors de la maison.
La mère doit éviter de critiquer le père ou le déprécier même si elle a de sérieux griefs contre son ex-mari. Dévaloriser le père, c’est détruire une partie de son fils, cela revient à le couper en deux, c’est l’empêcher de devenir un homme.
Le rôle du père est aussi fondamental : il représente la loi et il est le tiers qui empêche la fusion mère-enfant si néfaste pour son développement affectif. Il est aussi celui qui initie à la vie sociale. C’est pourquoi l’attitude d’un père responsable et aimant, maintenant de bonnes relations avec son fils est capitale pour son devenir d’adulte.
Si le grand adolescent demande à aller vivre chez son père, la mère ne doit pas l’en empêcher, surtout si le père remplit son rôle d’éducateur et de modèle et qu’il manifeste de l’affection et de l’intérêt pour son fils. Par ailleurs, le fils doit prendre quelque distance avec sa mère à l’adolescence pour se construire. Cet éloignement est une phase normale de l’accès à l’autonomie.
En résumé, votre fils aîné ne doit ni devenir votre confident, ni votre béquille affective. N’essayez pas d’en faire un » homme parfait « , sans les défauts de son père ! Pour s’épanouir dans la vie, il a besoin que sa mère refasse la sienne et de pouvoir aussi compter sur la présence et l’affection de son père. Le plus fondamental : il ne doit en aucun cas être l’enjeu affectif de conflits non liquidés entre ses deux parents. |
Par Marie Delambre