Peur du noir, stress, crises de colère… Les parents sont à même d’aider leurs enfants à dépasser ces zones de turbulence émotionnelle sans le secours de professionnels. C’est la conviction de la psychologue Lise Bartoli, qui, dans L’Art d’apaiser son enfant, propose des outils simples et ludiques.
Les pères et mères d’aujourd’hui n’ont plus confiance dans leur savoir-faire parental, déplore la psychologue et hypnothérapeute Lise Bartoli. Par manque de temps, peur de mal dire ou mal faire, ils se précipitent chez le psy à la moindre difficulté et transmettent leur anxiété à leur enfant, qui ne peut pas, de ce fait, aller mieux. » Pourtant, selon la thérapeute, ils sont les mieux placés pour décoder ses petites perturbations – colères, baisse d’appétit, troubles du sommeil… – et l’encourager à les dépasser. C’est dans cet esprit que Lise Bartoli, qui a conçu une méthode inspirée de son expérience de mère et d’hypnothérapeute, propose dans son dernier livre des outils à destination des parents, pour les aider à aider leurs enfants. Relaxation, visualisation, lecture, création de contes… Autant de pratiques simples et ludiques qui permettront aux 4-12 ans de trouver, dans leur inconscient, la réponse à leurs difficultés – stress, angoisse de séparation ou de rivalité, peur de l’échec.
Certains parents préféreront la visualisation, d’autres le conte… L’idéal serait, lorsque l’on se sent soi-même calme et détendu, d’utiliser ces deux clés, mais pas le même jour. Si une séance ne suffit pas, on pourra la renouveler, et même, une fois la technique « rodée », inviter l’enfant à pratiquer seul relaxation et visualisation. « Pas question de transformer les parents en thérapeutes, précise Lise Bartoli. Il s’agit simplement de les aider à désamorcer un problème avant qu’il devienne pathologique. » Dans ce cas, la durée et l’intensité du symptôme – visible au mal-être persistant de l’enfant – exigent bien entendu le recours à une consultation auprès d’un professionnel.
Faire appel à sa «partie-qui-sait-tout»
L’inconscient, expliquait le psychiatre américain Milton H. Erickson*, est un « grand magasin de solutions et de ressources » dans lequel l’individu s’approvisionne pour résoudre ses problèmes. Il contient notre histoire familiale sur plusieurs générations, et une part de l’inconscient collectif, c’est-à-dire toutes les expériences humaines depuis la nuit des temps. L’enfant possède lui aussi une « partie-qui-sait-tout », comme l’a rebaptisée Lise Bartoli. Elle connaît ses angoisses, ses désirs, ses sentiments, mais aussi la solution à ses difficultés. « Un enfant excessivement timide est incapable d’expliquer pourquoi il a peur d’aller vers les autres, observe-t-elle. Le questionner à ce sujet le met mal à l’aise, le raisonner s’avère insuffisant. Pour modifier en profondeur son comportement, il faut aller sur le terrain de l’inconscient. La méthode est ludique, directe et efficace, car elle s’adresse à sa part créative, qui détient sa capacité de transformation positive. »
Il s’agit ici de matérialiser cette « partie-qui-sait-tout », pour la rendre plus familière et la convoquer facilement. L’enfant peut choisir un animal, un personnage, un petit objet ou un « jumeau ». Le parent l’invite ensuite à demander conseils et solutions à cette « partie-qui-sait-tout » pour affronter ses petites difficultés. Puis demande à son enfant, mais sans le forcer à répondre, ce que celle-ci lui a conseillé. La thérapeute constate à quel point les parents qui utilisent cette méthode sont surpris par la richesse et la pertinence des solutions proposées. De fait, ils retrouvent leur confiance de parents, et la confiance dans les ressources de leur enfant en est renforcée.