Notre ado apprend à devenir quelqu’un et à se passer peu à peu de nous. Mais cette étape, aussi stimulante soit-elle, suscite son lot d’émotions. Voici des pistes pour mieux communiquer.
«C’est mon corps! Je peux bien faire ce que je veux!»
Camille, 16 ans, veut se faire percer le nez, mais son père refuse. «À mon âge, je sais ce que j’aime. Et j’aime les piercings. Mon père trouve ça laid et me parle de dangers et d’infections. Je voudrais qu’il respecte mes choix et mes goûts.»
Ce qu’en dit l’experte: «Il faut choisir nos batailles, rappelle Danie Beaulieu. Les cheveux orange, le fond de culotte à terre, l’allure gothique, on peut trouver ça laid, mais est-ce dangereux? Est-ce si important?» Plus on se battra pour imposer notre opinion à notre jeune, plus ce style deviendra attrayant pour lui. Il affirme ainsi sa personnalité et, sur ce point, on devrait lui donner beaucoup de latitude.
On garde notre énergie pour ce qui laisse des traces, comme les piercings et les tatouages. Comme l’ado a tendance à vivre dans l’immédiat, notre rôle consiste à l’aider à se projeter dans l’avenir. On lui demande s’il aime encore Caillou ou tout autre personnage qu’il aimait auparavant. Puis, s’il serait heureux d’avoir Caillou tatoué sur le corps. «L’objectif, c’est de lui faire réaliser que ses goûts ont changé et changeront encore, dit Danie Beaulieu. Que sa passion d’aujourd’hui lui fera peut-être honte plus tard.» Bien sûr, on lui demande aussi s’il connaît les risques pour la santé. Cette stratégie est plus efficace qu’un non catégorique. «On l’amène ainsi à réfléchir aux conséquences à long terme et, peut-être, à changer d’idée, explique Danie Beaulieu. Si on est trop autoritaire, on l’incite à s’opposer.» On court alors le risque qu’il se fasse tatouer ou percer à notre insu.
«Je ne veux pas aller en vacances avec vous.»
Cet été, Gabrielle, 15 ans, n’ira pas en voyage avec sa famille. Elle préfère participer à une immersion en anglais: «Je veux faire mes propres affaires», dit-elle. Son père, François, est d’accord. «Je trouve normal qu’elle ne veuille plus nous suivre, qu’elle souhaite plus de pouvoir sur sa vie.» Nathalie, pour sa part, est moins zen devant le refus de son fils de 15 ans d’aller au chalet familial. «Il trouve ça plate. Je comprends, mais ça pose un problème, car il n’est pas assez mature pour rester seul à la maison.» La solution retenue? Y aller un week-end sur deux.
Ce qu’en dit l’experte: «Notre ado nous aime autant qu’avant, soutient Mélanie Gosselin, psychologue scolaire au secondaire. Toutefois, il doit se détacher de nous pour forger son identité et acquérir son indépendance.» Reste que cela peut compliquer drôlement l’organisation des vacances! Certes, on peut obliger notre grand à suivre. Mais deux semaines en camping avec un ado qui fait la gueule, est-ce notre définition des vacances? «Le mieux, c’est de l’impliquer dans la planification et d’inclure des activités qui l’intéressent», note la psychologue. Et, oui, cela peut signifier renoncer à notre séjour annuel au chalet de tante Denise. On peut faire des compromis sur la destination, la durée du séjour (un week-end chez Denise au lieu de deux), les activités, le type d’hébergement. Une autre piste pour amadouer notre jeune: emmener un de ses amis avec nous.
Si on le juge assez mature pour rester à la maison, on s’entend avec lui sur ce qui est permis ou non, comme recevoir des amis. On s’assure également qu’il peut joindre un adulte en tout temps. Enfin, on l’avise de ne pas écrire sur sa page Facebook que ses parents sont absents… 482 amis, ça fait un méchant party!