La résidence alternée côté mère

Témoignage de Viviane

Nous avons interviewé Viviane, employée dans une agence de relation de presse, mère de P, 5 ans, pour connaître son sentiment sur la résidence alternée

Le JAF m’a imposé une garde alternée pendant 1 an et demi.
J’ai 34 ans et je vis depuis toujours à Paris. Je me suis mariée en 1993, j’ai eu ma fille en janvier 1997. Nous nous sommes séparés avec son père lorsqu’elle était âgée de quelques mois, et notre divorce a été prononcé en 2000.

Notre expérience avec la garde alternée a été imposée par le juge, en conciliation. En effet chacun de nous demandait sa garde et la présidente a jugé préférable de ne pas statuer sur la résidence de P (notre fille) chez l’un ou l’autre dès le démarrage de la procédure.Elle voulait instruire plus avant le dossier et éclairer son point de vue dans un dossier complexe vu de l’extérieur.

Nous louions un appartement et avions depuis la naissance de P une nounou à domicile, le juge a donc décidé que P resterait dans l’appartement à temps complet avec cette nounou dans la journée, son père y résiderait les semaines impaires et moi les semaines paires.
Nous devions partager les frais de nounou, de loyer etc?
L’un était présent du lundi soir (relevait la nounou) au lundi matin suivant ( à l’arrivée de cette dernière) alors que l’autre arrivait le lundi soir etc, Il n’y avait donc pas de connexion entre son père et moi.
Ce système a fonctionné durant 1 an 1/2 de l’âge de 4 mois à 18 mois environ, jusqu’à une décision du juge sur notre divorce.

En étant sincère, bien que la séparation avec ma fille était difficile car elle était très très jeune, et ayant encore peu de recul finalement car c’était il y a 2-3 ans seulement, cette solution a bien fonctionné.

Pour P d’abord : la situation était réglée comme du papier à musique, elle a très vite pris le rythme régulier et constant de cette solution avec, il est vrai, la chance d’avoir une présence féminine constante remarquable (la nounou). Bien sûr ce n’est pas sa mère mais son rôle était crucial. Cela dit je n’ai pas les moyens de connaître réellement les effets de ces séparations répétées.
Ce que je sais simplement c’est qu’aujourd’hui cette enfant est très équilibrée, sereine et ne se sent pas abandonnée par l’un ou l’autre.

Au final quand on prend du recul (en faisant abstraction des difficultés matérielles pour les adultes) elle avait un univers constant (l’appartement), une nounou en or très présente et finalement des parents qui se consacraient à 100 % à elle, ayant le temps, les semaines creuses, de se consacrer intellectuellement à la gestion de ce divorce difficile .

Pour moi (je ne parlerai pas pour son père !) : la situation était difficile car j’étais séparée de ma fille mais comme je viens de le dire les semaines « sans » me permettaient de prendre du recul, « d’encaisser » affectivement et humainement les affres de ce divorce « guerrier ».

Cette solution a aussi sans doute beaucoup arrangé les choses car je pense qu’aucun de nous ne ressentait la lourde injustice de la garde arbitraire décidée par un juge qui ne connaît pas encore les faits. La juge n’avait pas fait de « préférence » ce qui a permis de laisser sans doute passer un peu la hargne des premiers temps de façon plus facile (surtout pour mon ex mari qui avait demandé le divorce pour faute).
Néanmoins cette solution a été arrêtée, et P est venue habiter avec moi, mais voyant toujours beaucoup son père.

Sans la décision du juge, je n’aurai jamais décidé une garde alternée, partant du principe que, surtout jeune, un enfant doit rester avec sa mère si possible. Cela dit en voyant le résultat aujourd’hui, je dois reconnaître que pour l’instant cela a été plutôt bénéfique, surtout pour calmer les esprits et laisser un peu de temps aux choses, et dieu sait si ce point est crucial car il est la clé de beaucoup de conflits de divorce.

Il faut néanmoins absolument qu’il n’y ait aucun différent matériel et financier car les écarts sont faciles. Ce serait même dangereux car c’est tout de même un levier évident qui permet d’embêter l’autre.

Dans notre cas, c’est véritablement la garde que nous nous  » disputions « , nous savions chacun qu’il ne fallait pas déplacer le débat, au risque de nous perdre dans notre requête profonde.

Aujourd’hui, nous ne faisons pas perdurer ce système de garde car je pense que P a beaucoup grandie et que les années de construction de 2 à au moins 7 ans devaient se faire en majorité avec moi (mais aussi beaucoup avec son père), nous avions d’ailleurs quand même un peu de retard à combler dans la relation mère/fille.

A l’avenir je ne sais pas encore ce que l’on fera, je n’exclus aucune solution d’office.
Je pense que nous devons gérer une situation qui évolue au fil du temps et les changements de situation à partir de l’âge où un enfant sait retenir le meilleur de chacun et surtout ce dont il a besoin sans pour autant le faire en cumulant les heures de présence (quel est-il me direz-vous ? ? !).

Il est impossible de statuer une bonne fois pour toute dans la vie d’un enfant. Nous parents, devons constamment observer, écouter, se remettre en question pour essayer d’être le plus proche possible des vrais besoins de nos enfants? Et dieu sait si c’est difficile !

source: Elledivorce.com