Il n’y a qu’à se disputer un peu en couple pour voir la terreur naître dans les yeux de nos enfants. Puis rapidement tombe la question fatidique : « Est-ce que vous allez vous quitter? » La réponse devient rapidement « oui » quand on sait que par exemple, selon Statistique Canada, près du tiers des mariages se solderont par un divorce au Canada.
Est-ce que la séparation et le divorce affectent réellement nos enfants? Les études à ce propos sont nombreuses et contradictoires.
Toutefois, des tendances s’en détachent :
Des réactions différentes selon l’âge
Les réactions des enfants face au divorce sont différentes selon l’âge. Les enfants de moins de cinq ans, qui ne comprennent pas très bien les données en cause dans un divorce, croient que leurs parents cherchent à leur faire de la peine. Ils peuvent aussi éprouver de la régression au niveau du langage, de l’autonomie, des troubles d’alimentation, du sommeil. En deçà de dix ans, ils craignent l’abandon, ils peuvent présenter des problèmes de socialisation et d’adaptation. Les adolescents de parents divorcés pourraient développer des problèmes de relations sexuelles et être davantage enclins à consommer de la drogue que les enfants de foyer intact. 39 % de filles de parents divorcés augmenteraient leur consommation de drogue contre 50 % chez les garçons. Enfin, plus le divorce a été vécu jeune, plus le jeune adulte a de la facilité à établir une relation amoureuse de longue durée.
La dégradation financière de la mère
La dégradation financière de la mère (ou de la personne qui en assume la garde) a une influence sur le mieux-être de l’enfant. Il semblerait, au contraire, que la séparation avantagerait le père (souvent celui qui ne voit l’enfant que les week-ends). L’absence d’un des parents à la suite de la séparation affecte beaucoup leur progéniture. La monoparentalité engendre aussi des difficultés d’adaptation chez le parent et peut occasionner, par la même occasion, différents troubles de comportement.
L’agressivité entre parents
C’est l’agressivité entre les parents qui influence le plus le comportement de l’enfant. Un enfant dont les parents sont constamment en conflits a plus de chances d’adopter des comportements violents, de faire des fugues et d’adopter des comportements suicidaires qu’un couple qui décide mutuellement, et dans l’harmonie, de mettre fin à leur relation amoureuse. Et si les conflits sont nombreux dans un couple, mais qu’ils mènent au divorce, les conséquences seront moins grandes que si le couple continue de se nourrir de disputes, mais demeure dans la même maison. On serait donc à même de penser que le divorce pourrait, dans ces cas, améliorer le bien-être des enfants. Malheureusement, seuls 5 % des parents ont affirmé protéger leurs enfants contre les disputes, les autres s’en servant pour agir à titre de témoins ou de participants chargés de recueillir des preuves, d’espionner, de transmettre des menaces ou des insultes à l’autre conjoint.
Le déménagement
Le déménagement, qui change le milieu de vie de l’enfant (proximité des amis, changement de camarades, école…) aurait également une influence sur son mieux-être. Toutefois, avec le temps, il finirait par s’adapter à sa nouvelle situation si les conflits s’amenuisent.
– Un divorce ou une séparation qui se déroule par l’intermédiaire d’un juge est beaucoup plus néfaste pour l’enfant qu’une séparation à l’amiable.
En résumé, ce qui fait qu’un divorce ou une séparation affecte moins les enfants :
– Que les parents développent une harmonie dans leur relation ou favorise à tout le moins des discussions qui se déroulent en dehors de la présence de l’enfant.
– Qu’ils veillent au bien-être de leur enfant en faisant des choix qui le favorisent (lieu de déménagement, aménagement avec ou sans (e) conjoint (e), aide financière de l’un pour l’autre…)
– Qu’ils favorisent un réseau de soutien constitué de quelqu’un qui peut venir en aide à leur enfant alors que leur stress, leur détresse, voire leur déprime peut s’avérer élevée en cette période de trouble (camarades, frères ou soeurs, professeurs, grands-parents, thérapeutes…). Cette chronique a été rédigée grâce à la consultation d’études recueillies par le Ministère de la Justice du Canada et à une étude réalisée par des étudiants en Sciences politiques de l’Académie de Grenoble.
par Violaine Dompierre,