Le divorce et la séparation affectent-ils vos enfants?

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Il n’y a qu’à se disputer un peu en couple pour voir la terreur naître dans les yeux de nos enfants. Puis rapidement tombe la question fatidique : « Est-ce que vous allez vous quitter? » La réponse devient rapidement « oui » quand on sait que par exemple, selon Statistique Canada, près du tiers des mariages se solderont par un divorce au Canada.

Est-ce que la séparation et le divorce affectent réellement nos enfants? Les études à ce propos sont nombreuses et contradictoires.

Toutefois, des tendances s’en détachent :

Des réactions différentes selon l’âge

Les réactions des enfants face au divorce sont différentes selon l’âge. Les enfants de moins de cinq ans, qui ne comprennent pas très bien les données en cause dans un divorce, croient que leurs parents cherchent à leur faire de la peine. Ils peuvent aussi éprouver de la régression au niveau du langage, de l’autonomie, des troubles d’alimentation, du sommeil. En deçà de dix ans, ils craignent l’abandon, ils peuvent présenter des problèmes de socialisation et d’adaptation. Les adolescents de parents divorcés pourraient développer des problèmes de relations sexuelles et être davantage enclins à consommer de la drogue que les enfants de foyer intact. 39 % de filles de parents divorcés augmenteraient leur consommation de drogue contre 50 % chez les garçons. Enfin, plus le divorce a été vécu jeune, plus le jeune adulte a de la facilité à établir une relation amoureuse de longue durée.

La dégradation financière de la mère

La dégradation financière de la mère (ou de la personne qui en assume la garde) a une influence sur le mieux-être de l’enfant. Il semblerait, au contraire, que la séparation avantagerait le père (souvent celui qui ne voit l’enfant que les week-ends). L’absence d’un des parents à la suite de la séparation affecte beaucoup leur progéniture. La monoparentalité engendre aussi des difficultés d’adaptation chez le parent et peut occasionner, par la même occasion, différents troubles de comportement.

L’agressivité entre parents

C’est l’agressivité entre les parents qui influence le plus le comportement de l’enfant. Un enfant dont les parents sont constamment en conflits a plus de chances d’adopter des comportements violents, de faire des fugues et d’adopter des comportements suicidaires qu’un couple qui décide mutuellement, et dans l’harmonie, de mettre fin à leur relation amoureuse. Et si les conflits sont nombreux dans un couple, mais qu’ils mènent au divorce, les conséquences seront moins grandes que si le couple continue de se nourrir de disputes, mais demeure dans la même maison. On serait donc à même de penser que le divorce pourrait, dans ces cas, améliorer le bien-être des enfants. Malheureusement, seuls 5 % des parents ont affirmé protéger leurs enfants contre les disputes, les autres s’en servant pour agir à titre de témoins ou de participants chargés de recueillir des preuves, d’espionner, de transmettre des menaces ou des insultes à l’autre conjoint.

Le déménagement

Le déménagement, qui change le milieu de vie de l’enfant (proximité des amis, changement de camarades, école…) aurait également une influence sur son mieux-être. Toutefois, avec le temps, il finirait par s’adapter à sa nouvelle situation si les conflits s’amenuisent.

– Un divorce ou une séparation qui se déroule par l’intermédiaire d’un juge est beaucoup plus néfaste pour l’enfant qu’une séparation à l’amiable.

En résumé, ce qui fait qu’un divorce ou une séparation affecte moins les enfants :

– Que les parents développent une harmonie dans leur relation ou favorise à tout le moins des discussions qui se déroulent en dehors de la présence de l’enfant.

– Qu’ils veillent au bien-être de leur enfant en faisant des choix qui le favorisent (lieu de déménagement, aménagement avec ou sans (e) conjoint (e), aide financière de l’un pour l’autre…)

– Qu’ils favorisent un réseau de soutien constitué de quelqu’un qui peut venir en aide à leur enfant alors que leur stress, leur détresse, voire leur déprime peut s’avérer élevée en cette période de trouble (camarades, frères ou soeurs, professeurs, grands-parents, thérapeutes…). Cette chronique a été rédigée grâce à la consultation d’études recueillies par le Ministère de la Justice du Canada et à une étude réalisée par des étudiants en Sciences politiques de l’Académie de Grenoble.

par Violaine Dompierre,

Maman ou papa divorce et «refait sa vie»

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Au moment où ses parents divorcent, un enfant a plus que jamais besoin de temps et d’attention. Et la formation rapide d’un nouveau couple est souvent un cap difficile à passer pour lui.

La séparation, le divorce. Une épreuve, un échec qu’on voudrait pouvoir toujours éviter. Et pourtant cette réalité fait malheureusement partie de la vie de beaucoup d’enfants. Ont-ils pu s’y faire, ces enfants qui, alors, avaient 3 ou 4 ans, 15 ans ou plus ? Ont-ils compris que leurs parents, à leurs yeux inséparables, ne s’aimaient plus ? Sont-ils convaincus de n’être pas coupables ? Surtout, ont-ils compris que, même divorcés, ceux qui leur avaient donné le jour restaient « pour toujours » leur père, leur mère ? Quoi qu’il en soit, avec l’arrivée chez eux du nouveau partenaire de leur parent, beaucoup de ces fils et filles « divisés » vont connaître un second bouleversement.

Car « la remise en couple d’un parent divorcé secoue toujours profondément l’enfant », constate la philosophe France Bonneton, qui a enquêté auprès de nombreux jeunes concernés par cette réalité. En effet, tout en signant la fin de l’espoir de réconciliation du couple parental, la perspective d’une nouvelle aventure conjugale pour un des parents inquiète l’enfant : « C’est qui cet homme, c’est qui cette femme ? Va-t-il, va-t-elle me plaire ? Et moi, quelle place vais-je avoir ? Devrai-je lui obéir ? Comment va-t-il me juger ? Et s’il a des enfants à lui ? Et si ce nouveau couple échouait aussi ? Comment mon autre parent va-t-il réagir ? »

Les uns, comme Carole qui avait 13 ans quand sa mère lui parla de son projet, ont si peur qu’ils préféreraient prendre la fuite, avant même la cérémonie des présentations : « J’avais deviné depuis longtemps que ma mère était amoureuse, explique-t-elle. Mais, je m’étais juré que si cet homme couchait dans le même lit que papa, je ferais une fugue pour ne pas avoir à le connaître. Ce que j’ai fait trois jours après son arrivée. » Les très jeunes enfants, parfois derrière le masque de l’insouciance, n’échappent pas à cette angoisse, semble-t-il. Ce que traduit la réflexion de ce jeune garçon de 5 ans à son enseignante de maternelle : « Papa est parti avec une autre dame. Et maintenant, maman aime un autre monsieur, et moi je vais rester tout seul… alors je veux rester à l’école avec toi. »

Les premières rencontres avec un beau-parent sont à vivre sur la pointe des pieds. Avec prudence et délicatesse.

Gérard Poussin, professeur de psychologie à l’université Pierre-Mendès-France à Grenoble, explique cette inquiétude par le sentiment d’appartenance que tout enfant éprouve vis-à-vis de ses parents. « Même séparés, ce sont « ses » parents. Si l’un part avec un autre partenaire, il se sent dépossédé, dit-il. Il éprouve un sentiment de perte et d’abandon. »

Autant dire que les premières rencontres avec un beau-parent sont à vivre sur la pointe des pieds ! Avec prudence et délicatesse. « Ce n’est pas toujours le cas, regrette France Bonneton. Au cours de mon enquête, j’ai souvent été effarée de voir à quel point les adultes, engagés dans leur nouvelle passion amoureuse, oublient leur responsabilité de parents. Trop souvent, ils sous-estiment le besoin d’écoute et de compréhension de leurs enfants. »

Même avis de Christine Brunet, psychologue clinicienne et psychothérapeute, qui insiste pour que le nouveau partenaire « ne débarque pas » du jour au lendemain dans la vie de l’enfant. « Seul moyen pour que les parents gardent aux yeux de l’enfant toute leur dignité,souligne-t-elle. Sans ce « sas », les enfants ont l’impression que leur parent pourrait désormais passer d’un amant à un autre et qu’ils les négligent. » Dans le même sens, Florence Cadier, qui, elle aussi, a rencontré de nombreux jeunes pour écrire un livre sur le sujet, témoigne du nombre important d’entre eux qui sont insupportés par « l’exhibitionnisme amoureux» de certains parents aux débuts de leur deuxième relation conjugale.

Pourtant, tôt ou tard, l’enfant doit accepter la situation. Les réactions sont alors multiples. À chaque famille, son histoire, son passé et ses possibles. Les enfants éprouvent des sentiments contradictoires : de l’hostilité franche à la méfiance en passant par la colère, la suspicion ou l’indifférence ou encore le sentiment de trahison ; mais aussi parfois l’espoir de réconfort et de consolation, l’envie de reconstruire une paix oubliée. Certes, l’âge de l’enfant joue. Apprendre quand on est un petit garçon de cinq ans qu’un « monsieur » qui n’est pas son papa va désormais vivre avec sa maman, qui, elle, reste sa maman pour toujours, ne pose pas les mêmes questions que de l’apprendre à 15 ans quand son propre regard est déjà attiré par les filles de son âge.

Parfois l’aide d’un tiers s’avère nécessaire pour que les uns et les autres s’apprivoisent et apprennent à vivre ensemble.

Faut-il en conclure qu’un cas est plus problématique que l’autre ? Les plaintes qui s’entendent sur les lignes du Fil Santé Jeunes, dans les centres d’écoute ou encore dans les cabinets « psy », montrent une réalité beaucoup plus complexe. En effet, de nombreux facteurs s’entrecroisent et se conjuguent, qui influencent ces premiers regards portés sur le nouvel arrivé. Ainsi, le beau-parent était-il déjà dans la vie de l’un des parents ? Des mensonges ont-ils couvert les amours cachés du parent divorcé ? L’entente avec le parent qui a été quitté est-elle bonne ou au contraire conflictuelle ? Les parents ont-ils su se séparer sans se déchirer, établir des relations responsables au sujet de l’enfant pour sa garde et l’exercice de l’autorité ? L’enfant est-il resté longtemps seul avec son parent ? Le beau-parent est-il lui aussi divorcé ? A-t-il des enfants ? Sans compter les situations extrêmes qui transgressent la symbolique générationnelle, comme celle dont témoigne Christophe, 28 ans : « J’avais 16 ans quand mon père s’est remarié avec une fille qui avait l’âge de ma soeur aînée. De ce jour, il a perdu toute mon estime et je n’ai jamais pu accepter ma belle-mère. »

Mais heureusement, dans d’autres cas plus favorables, le temps jouant, associé à la bonne volonté des uns et des autres, les relations peuvent évoluer dans le bon sens. Ce qui au départ était apparu insurmontable ne l’est plus. « Parfois l’aide d’un tiers, comme un thérapeute familial, peut être nécessaire, souligne Gérard Poussin. Pour que les uns et les autres s’apprivoisent, acceptent les changements d’habitudes et fassent les compromis inévitables de toute vie commune. »

Arrive le moment où chacun est assuré de sa place dans la nouvelle constellation familiale, où les droits et les devoirs de tous ont été reconnus, les règles de vie établies. Une nouvelle forme de vie familiale peut alors exister et de nouveaux liens se tisser. Avec, pour l’enfant, la certitude d’avoir gardé l’amour de ses parents et gagné la bienveillance d’un autre adulte. Pour le reste, c’est la capacité de chacun à bien vivre ensemble qui fera la différence. Comme dans toute famille.

 Par Agnès Auschitzka

Divorce: Quels droits pour les grands-parents ?

grands parents et le divorce - 2houses

Les grands-parents sont de plus en plus fréquemment confrontés au désarroi de se voir priver de tout contact avec leurs petits-enfants, du fait, le plus souvent, des relations distendues entretenues avec leurs propres enfants.  Ils sont souvent peu au fait de la procédure applicable, qui, il faut le dire, n’est pas des plus simples.  En effet, si la loi a simplifié les actions familiales, l’action réservée aux grands-parents est restée à l’écart de cette simplification….Par ailleurs, il est intéressant de savoir ce qui est consacré par la loi et la position de la jurisprudence en la matière.

Grand-père, Grand-mère, concerné(e) par cette situation, voici les questions que vous vous posez peut être :

Quels sont mes droits vis-à-vis de mes petits-enfants ?
L’article 371-4 alinéa 1er du code civil consacre le droit de l’enfant d’entretenir des relations personnelles avec ses ascendants, c’est-à-dire le droit de leur rendre visite, le droit de leur écrire ou encore de leur téléphoner.  Les conditions dans lesquelles s’exercent ces relations sont définies librement avec les parents de l’enfant.  En revanche, il arrive que le dialogue soit interrompu avec les parents de l’enfant, en raison d’un divorce par exemple. Un recours au juge doit alors être envisagé.

Quel juge saisir ?
Le juge aux affaires familiales est compétent, sauf lorsque l’enfant est placé. Dans ce cas, le juge des enfants est exclusivement compétent.

Comment agir ? 

L’assistance d’un avocat est obligatoire.
Le juge est saisi par voie d’assignation et l’action est généralement dirigée à l’encontre des parents de l’enfant.
La procédure est écrite et souvent longue.
Une procédure d’urgence peut être envisagée, mais il est rare en pratique que la condition de l’urgence soit remplie.
Le ministère public aura communication des demandes qui sont formées en la matière. Comme en matière de filiation, le ministère public doit veiller à la sauvegarde de l’ordre public en matière familiale.

Quelles sont les conditions légales me permettant de bénéficier d’un droit de visite ? 
Avant la loi du 5 mars 2007, les relations personnelles de l’enfant avec ses grands-parents pouvaient être exclues pour «motifs graves».
La loi n°2007-293 du 5 mars 2007 est venue modifier l’article 371-4 du code civil, qui prévoit désormais que «seul l’intérêt de l’enfant peut faire obstacle à l’exercice de ce droit».
Désormais donc, le juge prend en considération l’intérêt de l’enfant pour accorder ou refuser un droit de visite avec un ascendant.
Il reste que l’intérêt de l’enfant est un concept fuyant, de sorte que le juge fait une analyse au cas par cas.

En cas de conflit ouvert avec le père ou la mère de l’enfant, le juge peut-il néanmoins m’accorder un droit de visite ?
Oui, si le juge estime que le maintien de cette relation avec un ascendant lui parait conforme à l’intérêt de l’enfant.

Quid du cas où l’enfant n’a plus de contact avec l’un de ses parents, qui est mon propre fils ou ma propre fille?

Dans cette hypothèse, le juge pourrait théoriquement être plus réticent à vous accorder un droit de visite.
Force est pourtant de constater que le juge fait preuve de beaucoup de pragmatisme et analyse la situation au cas par cas.
Ce qui se dégage cependant est que la seule opposition du ou des parents de l’enfant ne suffit pas à justifier leur refus, non plus que le seul conflit existant avec vous.
Le juge vérifie dans ce cas que vous êtes aptes à établir des relations sereines avec vos petits-enfants en faisant abstraction du conflit familial. Il est également précisé que le juge est souvent enclin à ordonner une médiation familiale, ou une mesure d’expertise médico-psychologique lorsque les conflits intra-familiaux sont complexes.
Enfin, l’avis de l’enfant reste un élément important pour déterminer si le maintien des relations qu’il entretient avec ses grands-parents est contraire ou non à son intérêt. Rappelons que l’enfant doit, pour pouvoir être entendu, être capable de discernement.

Quelles sont les modalités du droit de visite que je peux raisonnablement espérer obtenir ? 

Il appartient au juge d’apprécier quel est le meilleur aménagement pratique. Il s’agira le plus souvent d’un week-end par mois et d’une partie des vacances.
Mais le juge peut aussi fixer un droit de visite réduit, notamment lorsque les relations ont été longtemps ou violemment interrompues. Il peut également fixer le droit de visite en lieu neutre. Cela peut être le cas lorsqu’il y a un risque pour l’enfant d’entrer en contact avec l’un de ses parents par votre intermédiaire, lorsque le juge estime que cela serait contraire à son intérêt.

Par maître Cécile Steil via elledivorce.com

Enfants du divorce : quelles influences sur leur vie ?

enfants du divorce

L’étude sur les enfants du divorce menée par l’ Union des Familles en Europe a été rendue publique le 2 février 2011. C’est la première fois qu’une grande enquête est menée auprès de personnes ayant connu le divorce de leurs parents au cours de leur enfance.

Comment ces enfants ont-ils vécu le divorce de leurs parents ?

Même lorsque le divorce a été prononcé par consentement mutuel, l’annonce de la séparation a été un moment difficile à passer pour la plupart des répondants. Ils auraient aimé qu’on leur parle et qu’on leur explique pourquoi les parents en sont arrivés là. Souvent, les parents étaient trop concentrés sur leur propre malheur et sur la question de leur échec pour prendre le temps d’écouter la souffrance des enfants. Comme l’a expliqué le pédiatre Pascal Pillet dans un rapport du Défenseur des Enfants, « L’enfant devient spectateur de la séparation, il est oublié, secondaire par rapport à ce qui se joue entre les parents et peut être maltraité par omission ».

Selon les résultats de l’enquête, 38% des adultes interrogés pensent que la séparation de leurs parents aurait pu être évitée. Enfants, ils ont vécu cette situation comme un gâchis et pensent qu’une plus grande communication dans le couple aurait sauvé la cellule familiale.

Concernant l’arrivée dans la famille de beaux-parents, les situations sont très diverses. 46% des personnes interrogées n’ont pas acceptées un beau-père et 58% ont refusées l’arrivée d’une belle-mère. D’ailleurs, 34% des mères restent seules après le divorce afin de protéger leurs enfants ou par peur d’être à nouveau confrontées à une séparation.

La présence des grands-parents est un élément très important au moment du divorce. Ils sont un élément stable de la famille et peuvent jouer le rôle de courroie de transmission entre les enfants et les parents qui parfois se déchirent. Cependant, presque 35% des grands-parents auraient contribué à enliser la situation.

Une situation dramatique a touché presque la moitié des personnes interrogées lors du divorce de leurs parents : elles ont du faire un choix affectif entre les deux parents. 40% des enfants n’ont presque par gardé de lien avec le parent qui n’avait pas la garde. Ce sont aussi 71% des enquêtés qui ont souffert du fait que leurs parents se discréditent entre eux.

Les conséquences du divorce sur la vie des enfants

La souffrance que les enfants ont ressentie lors du divorce de leurs parents a des effets sur le long terme, notamment au niveau des études et de la vie professionnelle. Des études menées par l’Insee en 1992 et 1997 montrent que, pour un même niveau social, les enfants de divorcés réussissent moins bien au bac que les enfants dont les parents sont ensembles. Les personnes ayant répondu à l’enquête de l’ Union des Familles en Europe expliquent leur échec scolaire par un manque de moyen financier pour poursuivre des études longues mais aussi un contexte familial trop perturbé pour se concentrer sur leurs devoirs ainsi que des problèmes d’orientation.

Les personnes interrogées affirment également que le divorce de leurs parents a eu une influence sur leur personnalité.  Beaucoup d’entre eux souffrent d’un déficit de confiance en soi. Dans un rapport du Défenseur des Enfants publié en 2008, la psychologue Catherine Mathelin-Vanier explique que « Dans un conflit très violent, une véritable guerre, une image cataclysmique de lui-même est donné à l’enfant. Il pense qu’il est la moitié d’un salaud puisque son autre parent est ce salaud dont on lui parle sans cesse ».

Adultes, certaines valeurs leur semblent indispensables au quotidien et notamment en matière de relation amoureuse. La fidélité, la communication mais aussi le partage de valeurs communes dans le couple sont pour eux le moyen de ne pas imiter l’échec de leurs parents. Plus étonnant, la foi religieuse est également un élément déterminant dans le choix d’un partenaire. Mais même si ces adultes ont beaucoup souffert de la séparation de leurs parents, ils croient toujours au grand amour et pensent que la princesse ou le prince charmant existe !
Claire Frayssinet via Vivolta.com

Adolescents et divorce, attention fragiles.

adolescents et divorce - 2houses

Sous leurs allures fières et rebelles, les ados ou préados cachent une grande vulnérabilité, qu’un divorce ne vient pas arranger.

Selon une étude récente, 2 adolescents sur 5 ayant eu à vivre un divorce, souffriraient d’un état dépressif.
En général, les conséquences du divorce dépendent notamment de l’âge et de la personnalité de l’ado, mais surtout de la qualité de la relation parents enfants.
L’adolescent considéré à tort comme « le grand », cache derrière sa carapace une grande fragilité, qui peut être bouleversée par la survenue du divorce.

Quels sont les signes d’un éventuel état dépressif ?

Ils sont de différentes natures, en premier lieu, surveiller l’humeur notamment un état de tristesse plus ou moins latente , de lassitude et de désintérêt général, accompagnée d’irritabilité, de troubles de concentration. Il faut être vigilant aussi concernant les insomnies prolongées et les troubles de l’alimentation , pouvant s’aggraver vers un état anorexique.

Bien sûr, au niveau du comportement, des vols, fugues, agressions, ou absences répétées au lycée sont des signaux d’alerte . Au contraire, il peut y avoir une tendance au repli sur soi et à l’isolement qu’il faut prendre très au sérieux, si elle s’installe.

Cette désocialisation, accompagnée de comportements régressifs comme le besoin de jouer à des jeux immatures, de se mettre à fréquenter des plus jeunes que soi, le refus de grandir, le besoin de rester collés à sa mère tout en passant sa vie au crible, peut déboucher sur une véritable crise qu’il faudra soigner.

L’hyper maturité apparente d’un ado peut être aussi un signe :

Il s’agit d’un autre type de réaction, dite paradoxale, en effet certains ados vont pour éviter leur propre souffrance, développer une attitude surprotectrice face à leur mère, en inversant ainsi les rôles. L’ado qui materne, protège et console sa mère, prend sur lui et ressentira ces manques violemment plus tard, entraînant d’incessants conflits ou reproches.

La désidéalisation des parents alliée à une attitude cynique face à l’amour sont des tentatives de fuite face à la réalité, souvent difficile d’un divorce :

Une attitude désabusée prolongée face à l’amour et au mariage, peut être une manière d’effacer la déception liée à la séparation des parents. L’adolescent peut adopter par réaction, un regard qui se veut lucide et mature sur la situation, mais en conclure que lui, ne se mariera jamais, ou que le véritable amour entre un homme et une femme n’existe pas.
Cette pseudo distanciation, qui se veut mature, cache en fait une grande détresse, qui peut envahir sa vision du monde, et lui faire voir  » tout en noir « .

Comment protéger le jeune adulte ? 

Qu’on se rassure, dans bien des cas, le divorce, ne peut laisser qu’une trace de blessure personnelle et de mauvais souvenirs. Mais il faut rester vigilant aux perturbations graves pouvant entraîner des séquelles ultérieures.

Dans tous les cas : il ne faut pas nier ou sous-estimer que l’ado est autant attaché au lien entre ses parents qu’à ses parents eux-mêmes, et que le divorce entraîne, pour lui aussi, un processus de deuil, long et souvent douloureux de la relation parentale . Bien définir les limites entre parents et ados et rester proches, ouverts au dialogue et surtout, rester à sa place de parents !

par Marie Delambre

Divorce : Les enfants souffrent mais croient encore au mariage

mariage et les enfants de divorcés - 2houses

Plus d’un enfant de divorcé sur deux souffre de la séparation de ses parents… La bonne nouvelle en revanche, c’est que la plupart d’entre eux s’en remettent et croient encore au grand amour.

Voici une étude qui risque sinon de faire culpabiliser du moins de troubler quelques-uns des 130.000 couples qui divorcent chaque année en France. Selon une enquête réalisée par l’Union des Familles en Europe (UFE), plus de six enfants de divorcés sur dix (63%) assurent avoir énormément souffert de la séparation de leurs parents. On avait déjà étudié les conséquences du divorce sur la santé des petits mais c’est la première fois que l’on s’intéresse à leur « ressenti ». Pour Dominique Marcilhacy, porte-parole du l’UFE, il s’agit avant tout de démontrer qu’il faut « arrêter de banaliser le divorce et s’intéresser un peu plus au point de vue des enfants ». En France, 2,9 millions de mineurs ne vivent plus entre leurs deux parents.

Sentiment d’abandon et d’isolement durable

En effet, pour 59% des 1.137 adultes interrogés en 2010, cette rupture a créé un sentiment durable d’abandon et d’isolement. Surtout, 56% des enfants disent avoir été affectés dans leurs études, 41% dans leur vie professionnelle et 88% dans leur personnalité.
Parmi les autres résultats intéressants de cette étude, ceux qui montrent que plus les « enfants » grandissent, plus ils « pardonnent » à leurs parents d’avoir divorcé. Ainsi, si 48% des 18-24 ans affirment souffrir de la séparation, ils ne sont plus que 15% après 56 ans.

Les enfants de divorcés ne divorcent pas davantage

Autre enseignement important de l’étude de l’UFE : les enfants de divorcés ne divorcent pas plus que les autres. Et la séparation de leurs géniteurs n’empêche pas les trois quarts d’entre eux (précisément 72%) à croire au grand amour et à 82% de croire au mariage.
Cependant, même si les parents retrouvent une vie amoureuse stable, le nouveau conjoint n’est pas forcément le bienvenu : ainsi, 58% des belles-mères et 46% des beaux-pères récoltent une opinion négative.

source: France Soir

Quand un parent ment à son enfant sur son autre parent ….

le mensonge des parents envers les enfants - 2houses

Récemment j’ai reçu un papa qui est venu consulter uniquement pour savoir comment réagir quand son fils lui raconte les dires erronés de sa maman le concernant. Le mensonge est une arme très couramment utilisée dans le contexte de séparation/divorce. C’est une forme de manipulation que les femmes autant que les hommes affectionnent. Afin de rendre simple la lecture de cet article, je vais partir de ce papa mais j’insiste pour que chacun prenne en compte le fait que cela n’est pas le fait des femmes uniquement.

Mr A. se questionne beaucoup sur comment faire face aux mensonges que son ex compagne raconte à leur fils. Il est démuni. Il ne sait pas quoi lui dire quand celui-ci lui dit « papa, maman m’a dit que tu ne t’es jamais occupé de moi. Elle dit aussi que tu ne m’as jamais amené à l’école et que tu rentrais tard le soir…etc ». Mr A. est pris entre le marteau et l’enclume. Doit-il dire à son fils que sa maman raconte des bêtises et, par là même, disqualifier la maman. Ou au contraire, doit-il se taire et laisser son fils croire qu’il a été un père négligent et absent ?

Dans les deux cas, son fils est lésé et finira par penser que l’un des deux parents est moins compétent et moins fiable. Cela entrainerait, si la situation devenait récurrente, une absence de confiance en les deux  parents. L’enfant ne saura plus vers qui se tourner car il aura toujours un doute sur qui ment. C’est ainsi que naissent des difficultés chez les enfants telles qu’une faible estime de soi, une absence de confiance en l’autre qui fait que l’enfant, puis plus tard l’adulte, est fier de dire qu’il sait se débrouiller seul. Or, se débrouiller seul s’accompagne systématiquement d’un grand sentiment de solitude et donc de détresse.

Cette situation où l’enfant est au milieu de mensonges n’est donc pas anodine. Elle doit être évitée le plus possible.

En réponse à Mr A., je commencerai par lui dire que lorsqu’un enfant ose dire à son papa que maman a dit ceci ou cela sur lui, c’est d’abord un bon signe. C’est que l’enfant fait  suffisamment confiance à son père pour lui dire des choses difficiles. Il compte également sur lui pour l’aider à se forger une opinion. L’enfant vient ici déposer son incompréhension. Et, il s’agit de faire de son mieux pour ne pas le décevoir.

Un enfant s’identifie à ses DEUX parents, pas uniquement à l’un. Même quand il est en colère ou rejette l’un des deux, il s’identifie, … par opposition, mais il s’identifie quand même. C’est justement pour cette raison qu’Mr A. est piégé. Que dire ? La vérité au risque de rajouter un nouveau malaise dans la tète de son fils ou laisser son fils se mettre en désaccord avec ses souvenirs.

Tout d’abord, il faut RÉTABLIR LA VÉRITÉ. L’enfant ne doit pas se retrouver avec un bug dans le continuum de son histoire. Le laisser avec des mensonges sur son passé, c’est comme faire un bug informatique. C’est transformer l’histoire, les émotions, tenter d’effacer, et remplacer. Or, l’enfant, même s’il se laisse prendre par le mensonge, se retrouve à vivre en décalage avec lui-même, comme en parallèle.

On doit donc rétablir la vérité, mais PAS N’IMPORTE COMMENT !! On ne peut donc pas dire que maman (papa) ment !! Malheureusement, c’est le reflexe de la majorité des parents. Il ne s’agit pas ici de se culpabiliser et de s’en vouloir. Un parent n’est pas un psy ou un pédiatre. Il n’est pas naturellement formé pour se défendre d’attaque mensongère de l’autre parent.

On tente alors de faire preuve de créativité. Au lieu de dire maman a menti, on dit « je suis étonné, écoute je n’ai pas les mêmes souvenirs que ceux de maman. Moi, je me souviens très bien de ces vendredis où… et de ces parties de ballon… et de ces déjeuners entre garçons. Tu t’en souviens ? ». Le « tu t’en souviens ? » est important car on fait appel à sa mémoire, à son histoire et non plus à une vérité érigée. L’enfant fait l’effort d’aller chercher en lui ce qui lui appartient. Il est fort probable qu’il ne souvienne pas (car trop petit) mais ce n’est pas grave, il aura eu votre version qui correspond à qui il est !  Vous pouvez aussi faire appel aux photos et aux vidéos pour passer un bon moment avec l’enfant autour de votre relation. Attention, ne pas lancer l’air de rien des petites phrases du type « tu vois que j’ai raison. Tu vois bien qu’on a fait des trucs ». Non, on partage simplement des souvenirs ensemble car c’est aussi l’occasion « d’être ensemble ».

Ainsi, on dément ce que maman a dit sans la dénigrer, on dit que ce sont des souvenirs différents et non pas une vérité. Chacun reste intacte aux yeux de l’enfant.

Je sais que cela demande un grand effort de ne pas rendre à l’autre sa méchanceté, mais il s’agit ici de préserver l’enfant.

Autre exemple, un papa dit à son enfant que maman n’a pas voulu la résidence alternée (RA) alors que lui, la voulait désespérément. Ici, le papa omet de dire qu’il est parti, alors qu’il n’y était pas contraint, à 60 km empêchant par conséquent la mise en place de ce mode de garde. Ici, également, on ne dira pas à son enfant que papa ment ou manipule. On dira « papa a raison ! Je n’étais pas d’accord avec la RA car ton papa habite à 60 km. Cela voudrait dire – ou 2 heures de route A/R pour aller à l’école – ou te retrouver dans deux écoles. Dans les deux cas, ça aurait été trop difficile et fatiguant pour toi. Qu’en penses-tu ? En tout cas, si maman et papa habitent un jour plus prêt l’un de l’autre, on en rediscutera car cela deviendra possible ».

Il est donc plus constructif pour l’enfant que vous fassiez une sorte de petite entourloupe par rapport au mensonge ou à la manipulation plutôt que de le nommer. Tout est une question de présentation.

Enfin, et pas des moindres, l’enfant, lorsqu’il répète les dires de son autre parent devient un messager. Le messager est toujours le moins protégé. Il se retrouve à devoir gérer les réactions des parents : la colère, l’indignation, la honte, le dégout… etc. Et puisqu’il est le messager, il pense qu’il en est responsable ! Maitrisez donc votre réaction, votre expression ? Tentez de montrer à votre enfant que cela ne vous atteint pas plus que cela. En dédramatisant, vous l’aidez ainsi à ne plus se sentir pris dans un conflit de loyauté, entre sa mère et son père. Montrez-vous plus intelligent que celui qui dénigre, détruit et utilise l’enfant pour faire du mal ou gagner une procédure juridique. 

par Elodie Cingal, psychothérapeute .

Le divorce, avantage estival

avantages du divorce - 2houses

« C’est l’été ! Mon fils est triste, car il ne verra pas ses copains. Mais je ne m’inquiète pas : dans deux heures, il les aura oubliés. C’est le bonheur de l’enfance : les tristesses express. Et surtout, il pense aux vacances : « C’est super que vous soyez séparés avec maman car, comme ça, je pars encore plus ! » Il a prononcé cette phrase avec une mine subitement illuminée.

 
Moi, je ne lui avais jamais mis cette idée en tête. Je ne fais pas partie de la catégorie des parents aux mœurs douteuses, qui vantent ainsi les mérites du divorce. Mais on voit souvent dans les médias des familles réjouies, rafistolées, comme si le bonheur, aujourd’hui, était un patchwork. Les séparations se sont donc transformées en avantages. C’est alors que j’ai repensé au début des années 1980. Je me suis souvenu d’un enfant qui avait des parents divorcés quand j’étais au CP. À l’époque, c’était peu courant. Voire très rare.Ma mère m’avait dit : « Il faut être très gentil avec lui. » Je me souviens avoir pensé : « Ah oui, c’est un peu comme s’il était malade. » À nos yeux, il venait d’une autre planète. Les enfants de divorcés étaient des échantillons d’un autre monde, quelque chose d’étrange et de hors normes. On n’osait rien dire, cela nous paraissait fou, l’idée d’avoir deux maisons et, pire que tout, cela voulait dire : passer des soirées seul avec son père. Ces enfants-là, à l’époque, ils avaient toujours l’air un peu tristes. Portant sur leur dos le poids de leur différence. C’est bien simple, on était en plein succès du film E.T., et, pour moi, cela ne faisait pas de doute : les parents d’E.T. étaient forcément divorcés. Tout cela a donc bien changé. Et peut-être même que, dans quelques années, on devra être très gentils avec les enfants dont les parents sont encore ensemble ! « Quoi ? Tu n’as qu’une seule maison ? Tu ne te trimballes pas à droite et à gauche tout le temps ? Quel ennui ! »

Tout ce que nous vivons est lié aux modèles de notre enfance. Alors je me pose une question : ma génération vit sa vie sentimentale avec le souvenir que la séparation est une chose exceptionnelle, mais comment vivra celle de mon fils avec tant d’exemples de familles recomposées ? Si un jour il se marie, pourra-t-il croire un seul instant à l’union pour la vie ? Peut-être que son avenir sentimental sera composé d’amours changeantes. Ce sera alors comme un été permanent. »

Par Psychologies.com

Divorce : les enfants jugent leurs parents

divorce vu par les enfants - 2houses

Ils ont entre 8 et 37 ans, des parents divorcés, et de très mauvais souvenirs. Histoires d’erreurs qui font mal..

Léa, Antoine, Claire… Ils sont encore petits ou déjà adultes, et leurs parents ont divorcé il y a deux, dix ou trente ans. Nous leur avons demandé de nous raconter. L’avant-divorce, les mots qui font mal et ceux qui n’ont pas été dits, les erreurs, les maladresses, les attitudes qui blessent…

Nous leur avons proposé de laisser le champ libre aux reproches. Ils ont d’abord eu du mal à se livrer. Par peur de voir resurgir des souvenirs qu’ils ont voulu oublier. Parfois, souvent, c’est la colère qui les a submergés. « Je leur en veux de ne m’avoir rien expliqué » ; « Je ne leur fais plus confiance »…

Le divorce est toujours une épreuve, pour les parents comme pour les enfants, mais certaines règles simples peuvent empêcher d’en faire un traumatisme. Banalisé dans les chiffres (40 % des mariages se soldent par un divorce d’après les chiffres de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee).), les parents doivent savoir qu’il n’est pas prêt de l’être dans l’esprit des enfants.

Marianne, 27 ans : « Ils ont oublié que nous avions besoin de chacun d’eux »
« Aînée de trois filles, j’avais 12 ans quand mes parents ont divorcé par consentement mutuel. Ma mère a toujours dit à mon père qu’il pouvait venir nous voir quand il le voulait. Sauf qu’il est parfois passé devant la maison, mais ne s’est jamais arrêté. Pour les enfants que nous étions, c’était terriblement douloureux ; nous sentions qu’il ne s’intéressait pas à nous.
Dans leur tristesse, mes parents ont oublié que leurs enfants n’y étaient pour rien et qu’ils avaient besoin de la présence de chacun d’eux. J’aurais aimé qu’ils nous expliquent ce que notre avenir allait être après leur divorce, la relation qu’ils prévoyaient de vivre – ou pas – avec nous. En tant qu’aînée, il me fallait répondre aux questions de mes sœurs inquiètes et rester solide face à elles. Les adultes ont tendance
à s’inquiéter davantage pour les plus petits, en pensant que les “grands” assumeront mieux… Ce n’est pas si vrai… »

Juliette, 28 ans : « Le soir, je priais pour qu’ils ne se tuent pas »
« Mes parents ont divorcé quand j’avais 8 ans. Le soulagement, après deux ans de disputes terribles. Le soir, je priais pour qu’ils ne se tuent pas. Même si je n’ai jamais vu mes parents se battre physiquement, pour l’enfant que j’étais, deux personnes qui s’insultaient autant finiraient forcément par s’entretuer.
Alors je priais, et parfois, pensant que la disparition de l’un d’eux était inéluctable, je tentais d’imposer mon choix : “Si l’un doit mourir, je préférerais que ce soit papa.” Le lendemain, je citais maman, selon l’humeur du jour. Cela explique sans doute qu’après leur séparation j’ai tant culpabilisé.
Aucun n’était mort, mais le départ définitif de mon père revenait au même. C’était de ma faute… Je ne reproche pas à mes parents d’avoir divorcé. C’était la seule chose à faire. Mais je leur en veux de m’avoir laissé tomber pendant ces deux années. J’ai tout fait pour disparaître à leurs yeux et ils ne m’ont pas cherchée. Je leur en veux aussi de ne jamais m’avoir reparlé de cette période.
Si ma mère m’avait expliqué pourquoi cette haine et ce divorce, cela m’aurait épargné ces années à culpabiliser et à penser que j’avais “tué” mon père. »

Clotilde, 37 ans : « J’avais un sentiment de honte vis-à-vis des autres enfants »
« Mes parents ont divorcé quand j’avais 2 ans et se sont fait une guerre sans merci pendant vingt ans, à coup de procès. Je garde un souvenir d’incompréhension totale, d’abandon. De honte, aussi, vis-à-vis des autres enfants. Je n’en parlais pas, je ne pensais qu’à m’effacer. J’en veux à mes parents de ne m’avoir jamais rien expliqué et d’avoir utilisé leurs enfants comme monnaie d’échange. Ils ont tenté de diviser la fratrie, ils se sont insultés à travers nous…
Ma mère me laisse quand même une image positive : celle d’une femme qui s’est beaucoup battue pour garder ses enfants auprès d’elle. En grandissant, j’ai appris à me construire sur mes failles… Le seul point positif, c’est que j’ai su en tirer un puissant désir d’équilibre dans ma propre vie affective et familiale : je vis depuis quinze ans avec le même homme, nous avons des enfants, mais nous ne sommes pas mariés. »

Léa, 19 ans : « Mon père ne pense plus qu’à son confort » 
« Mes parents sont divorcés depuis bientôt quatre ans. Mon père est parti pour une autre femme. Le plus douloureux, c’est de le voir s’en prendre à ma mère pour de l’argent ; c’est de le voir ne penser qu’à lui, qu’à son confort de vie et pas à ses enfants ; c’est de le voir embrasser une autre femme que celle avec laquelle il a passé vingt ans ; c’est de le voir ne plus me regarder avec amour…
A l’inverse, si ma mère a fait une erreur, c’est peut-être d’avoir trop pensé à ses enfants et pas assez à elle. S’il y a du bon dans ce divorce, c’est notre rapprochement et la nouvelle complicité qui nous unit, elle et moi, puis le soutien que j’ai pu trouver auprès de la famille maternelle et des amis… »

Maxime, 12 ans : « Je n’arrivais pas à imaginer ce que ça allait devenir » 
« Avant, j’entendais des copains dire : “Le divorce, c’est pas si mal, tu as deux fois plus de cadeaux, deux maisons…” Mais quand ça m’est arrivé, il y a un an et demi, je me suis dit qu’ils ne devaient pas beaucoup aimer leurs parents pour dire des choses pareilles ! Moi, j’ai eu très mal !
Parce que j’étais habitué à vivre avec eux et que je n’arrivais pas à imaginer ce que ça allait devenir. Ça me faisait peur. Sur le coup, mes parents ne pouvaient pas m’expliquer, c’était trop compliqué. Ce qui est difficile aussi, c’est entre l’annonce de la séparation et le déménagement : on les voit vivre ensemble, mais on sait qu’ils sont divorcés.
Heureusement, ça n’a pas duré trop longtemps. Après, mes parents m’ont expliqué que j’allais vivre chez chacun une semaine sur deux, j’étais rassuré. Puis avec mon petit frère, on a vu qu’on n’était pas les seuls dans cette situation… On s’est bien habitués.
Si des enfants lisent cet article, je voudrais leur dire que ça fait mal au début, mais qu’il faut juste un peu de temps pour s’adapter et pour arriver à voir ce qu’il y a de bon. Moi, je suis très content de ma nouvelle vie. Nos parents s’occupent bien de nous, même séparément. »

Léna, 8 ans : « Je suis contente qu’ils se parlent bien » 
« Mes parents ont divorcé quand j’avais 1 an. Avant, je demandais tous les jours : « C’est quand que vous vous remarierez ? », mais maintenant, je comprends que c’est pas vraiment possible. Puis ils ont trouvé quelqu’un d’autre, et ça tient bien.
Le problème avec les parents quand ils divorcent, c’est qu’ils veulent absolument trouver quelqu’un d’autre. Alors, quelquefois, ils consacrent plus de temps à leur vie amoureuse qu’à leurs enfants. Si j’avais un conseil à leur donner, c’est de continuer à être autant qu’avant avec leurs enfants. Et de leur laisser du temps pour s’entendre avec la nouvelle personne.
Eux, ils sont amoureux, ça leur paraît facile, mais nous, il faut qu’on s’habitue… Mais sinon, je suis contente que mes parents se parlent bien, même si je sais qu’ils s’entendent pas parfaitement, c’est important pour moi : comme ça, je peux passer des moments avec eux deux. »

Pierre-Antoine, 21 ans : « Ils ont cru faire notre bien en nous prenant pour des cons » 
« Mes parents ont divorcé il y a trois ans, à la surprise générale ! Ils se disputaient très peu, même si, avec du recul, je me rends compte qu’ils partageaient peu de chose… Quelques jours après mes 18 ans, ils nous ont réunis ma sœur et moi, et ma mère nous a annoncé la nouvelle : “Nous venons de divorcer, votre père va déménager. Vous pourrez bien sûr aller chez lui quand vous le souhaiterez.”
L’horreur. Je croyais que c’était une blague ou un cauchemar. Ma sœur a demandé des explications et ils ont répondu, calmement, que cela faisait plus de cinq ans qu’ils y pensaient, mais qu’ils attendaient qu’on soit “grands”. En gros, c’était mon cadeau pour mes 18 ans…
Ils ont cru nous “protéger” : tu parles ! J’aurais préféré qu’ils aient passé des années à s’engueuler avant. Là, j’avais l’impression d’être pris en traître. Ç’a été ça, leur plus grosse erreur : de croire faire notre bien en nous prenant pour des cons. Je ne leur fais plus confiance, je les vois très peu ; en tout cas, je refuse de les voir ensemble, comme ils l’ont plusieurs fois proposé, pour Noël et pour mon anniversaire : ça serait comme collaborer à leur jeu pitoyable de la famille. »

par Anne-Laure Gannac

Gérer son fils ainé quand on est seule à la maison

mère célibataire et adolescent à la maison - 2houses

L’aîné, surtout s’il est à l’âge de l’adolescence, risque fort de pâtir du divorce, surtout si les parents ne restent pas vigilants et le laissent prendre une place qu’il ne doit pas prendre.
Voici quelques points de repères pour gérer la relation mère-fils, à l’adolescence.


Mère-fils : un dialogue subtil ?

Si votre fils aîné adolescent vit avec vous, il risque de vouloir prendre symboliquement la place de son père. Il voudra vous consoler, vous protéger, vous aider aussi. Si vous êtes une mère complaisante qui laisse s’installer son fils dans cette situation ambiguë, celui-ci risque de ne pas pouvoir se développer harmonieusement et restera fixé affectivement sur vous. 
Si vous êtes restée seule, la tentation est grande de s’appuyer sur son fils, pour en faire son confident et son appui, et ainsi le mettre dans une place de remplaçant affectif du père. Cette attitude plus féminine que maternelle, empêchera l’adolescent de grandir et bloquera son accès à la maturité affective.

En effet, un enfant ou un adolescent qui se sent responsable de sa mère ou de ce qui lui arrive, se retrouve dans un rôle d’adulte qui n’est pas sa vraie place ; ce lourd fardeau de responsabilités est inadéquat et déséquilibrant pour lui, qui n’est pas encore adulte.

Toute attitude surprotectrice de la mère est invalidante pour l’adolescent, qui ne peut pas prendre son autonomie affective. C’est ainsi que l’on peut voir de grands adolescents, devenus jeunes adultes qui vivent encore chez leur mère, incapables de s’investir dans une relation durable avec une femme.

C’est pourquoi il est si important que la mère refasse sa vie quand elle se sentira prête et qu’elle le pourra, ce qui lui permettra d’être moins focalisée sur ses enfants, d’avoir sa vie de femme et d’être une mère épanouie.

A l’adolescence, le garçon a fortement besoin de l’appui de son père, parce qu’il représente pour lui son modèle masculin et qu’il l’aide à construire son identité d’homme par le biais d’activités et de temps partagés ensemble. D’autres hommes, tels un oncle, un ami, ou un professeur que l’adolescent admire, peuvent également tenir ce rôle de modèle.

C’est pourquoi, il est important, d’une part, qu’il entretienne des relations régulières avec son père, mais aussi que sa mère ne le couve pas et le laisse faire ses choix, lui donne suffisamment de liberté pour qu’il puisse vivre d’autres expériences en dehors de la maison.

La mère doit éviter de critiquer le père ou le déprécier même si elle a de sérieux griefs contre son ex-mari. Dévaloriser le père, c’est détruire une partie de son fils, cela revient à le couper en deux, c’est l’empêcher de devenir un homme.

Le rôle du père est aussi fondamental : il représente la loi et il est le tiers qui empêche la fusion mère-enfant si néfaste pour son développement affectif. Il est aussi celui qui initie à la vie sociale. C’est pourquoi l’attitude d’un père responsable et aimant, maintenant de bonnes relations avec son fils est capitale pour son devenir d’adulte.

Si le grand adolescent demande à aller vivre chez son père, la mère ne doit pas l’en empêcher, surtout si le père remplit son rôle d’éducateur et de modèle et qu’il manifeste de l’affection et de l’intérêt pour son fils. Par ailleurs, le fils doit prendre quelque distance avec sa mère à l’adolescence pour se construire. Cet éloignement est une phase normale de l’accès à l’autonomie. 

 En résumé, votre fils aîné ne doit ni devenir votre confident, ni votre béquille affective. N’essayez pas d’en faire un  » homme parfait « , sans les défauts de son père ! Pour s’épanouir dans la vie, il a besoin que sa mère refasse la sienne et de pouvoir aussi compter sur la présence et l’affection de son père. Le plus fondamental : il ne doit en aucun cas être l’enjeu affectif de conflits non liquidés entre ses deux parents.

Par Marie Delambre

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