Comprendre la place de l’enfant dans un divorce

enfant a sa place dans un divorce - 2houses

Le divorce (ou la séparation s’il n’y a pas eu mariage) est par définition une situation conflictuelle. En effet, deux personnes se séparent, car elles ne partagent plus un désir de vie commune. Quelle est dans ce contexte la place de l’enfant et sa vision de la séparation ?

Sentiment d’insécurité

Les parents, lorsqu’ils sont ensemble, apportent à l’enfant une sécurité affective. Lors d’une séparation, cette dernière est mise à mal. Cela est d’autant plus vrai à partir du moment où l’un des parents quitte le foyer, car l’enfant peut alors éprouver des craintes importantes et penser qu’il est abandonné par le parent qui part.

C’est pourquoi, dans tous divorces, il est important d’expliquer à l’enfant que les parents, même s’ils ne sont plus ensemble, continuent d’aimer autant leur enfant que par le passé et que ce n’est pas lui qui est rejeté.

L’origine de la séparation peut être une source de remise en question pour l’enfant. Il n’est pas rare que l’enfant s’attribue l’origine de la rupture entre les parents et culpabilise. Pour éviter cela, il est primordial d’expliquer à l’enfant que la décision qui a été prise n’a pas pour origine l’enfant, que ce n’est pas à cause de lui. Expliquer, sans….

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par Benjamin Barry-Colin via pratique.fr

A Bordeaux, les pères divorcés partagent leurs problèmes autour d’un café

papas divorcés - 2houses

Qu’ils soient divorcés depuis des années ou plus fraîchement, une dizaine de pères bordelais se retrouvent deux fois par mois autour d’un café pour partager leurs problèmes et tenter d’apaiser la douleur de leur séparation.

A peine assis dans la petite salle d’une maison de quartier, ils se livrent sans retenue. « J’ai beaucoup de reproches à faire à la justice et aux avocats« , lance, très remonté, Raymond, un nouveau venu plein d’acrimonie à l’encontre des juges aux affaires familiales et des avocats.

Aussitôt, Alain Gallone, travailleur social à la caisse d’allocations familiales (CAF) de la Gironde, le tempère et rappelle que l’objectif du « café des pères », mis en place il y a un an avec la mairie de Bordeaux, est avant tout « un espace de parole » et « d’échange » et pas « un lieu d’opposition ».

Cet incident passé, s’ouvre un vrai dialogue entre ces papas, et nouveaux venus comme habitués se livrent facilement, comme pour se libérer du poids de leurs difficultés.

« Moi, le divorce m’est tombé dessus, mon ex m’a pris par surprise, et contrairement à moi, elle avait préparé son dossier », raconte Jean qui, depuis trois ans, se bat pour obtenir la garde alternée de son fils.

Rapidement, la majorité de ces pères reconnaissent s’être présentés devant le juge sans être prêts.

« C’est sans doute la raison pour laquelle vous avez tous exprimé des +sous-demandes+ au magistrat et accepté que votre épouse ait plus de droits que vous, notamment au niveau de la garde », fait remarquer Charles Ingles, psychologue au service petite enfance de la mairie et chargée de co-animer le café.

 » Nous en payons le prix »

Pour Raymond, cette impréparation est liée au fait qu’il s’est « senti encore plus père » quand il a divorcé. Un constat que tous les membres de l’assistance s’accordent à partager.

C’est également une des raisons pour lesquelles la majorité de ces pères, depuis des mois ou des années, multiplient les recours judiciaires pour avoir le droit de voir plus souvent et longuement leurs enfants.

« Je n’ai le droit d’être présent dans la vie de mon enfant que cinq jours par mois », déplore Paul.

Certains, comme Antoine, père de deux fillettes, reconnaissent que ce combat est épuisant et leur semble parfois vain.

« A force d’avoir un mur en face de soi, de subir des non-présentations d’enfants et de se retrouver réduit à payer sa pension alimentaire, il y a un phénomène psychologique assez fréquent, c’est celui du désinvestissement dans la relation », admet, visiblement meurtri, ce quadragénaire.

Comme beaucoup, il reproche à la justice que « toute latitude d’appréciation est donnée aux juges » et que pour eux, « c’est tout pour la mère« .

« Neuf hommes sur dix ont abandonné leurs femmes, se sont très mal comportés, et comme nous sommes l’exception, nous en payons le prix« , lui répond aussitôt Pierre, un trentenaire à l’allure sportive.

Motivé, il propose aussitôt aux participants de faire avancer les choses en se fédérant afin de faire entendre leur voix et montrer que « tous les hommes ne sont pas des salops », contrairement à ce qu’affirment « chacune de nos ex-femmes ».

Cette libération de la parole est un des principaux objectifs de ce café des pères, explique Brigitte Collet, l’adjointe au maire en charge de l’enfance et de la famille qui est une des initiatrices de ce projet original.

Un objectif atteint si l’on en croit Jean, un des pères, resté très discret, qui, en guise de conclusion, glisse que ce moment « est fait pour que dans chaque père traumatisé renaisse un père ».

source: Liberation.fr

La garde alternée en cinq questions

garde alternée , les bonnes pratiques - 2houses

Dix ans après la promulgation de la loi sur la résidence alternée, celle-ci continue de progresser et de faire débat. Nous avons demandé à la psychothérapeute Nicole Prieur d’aider ceux qui font ce choix à le vivre au mieux. Et à deux enfants devenus adultes de nous raconter leur existence entre deux maisons.

L’équilibre affectif. Un même argument brandi par les adeptes et par les opposants de la garde alternée. Proposée par Ségolène Royal, alors ministre déléguée à la Famille, à l’Enfance et aux Personnes handicapées, la formule, novatrice, revenait à affirmer le bénéfice, pour l’enfant, de partager le quotidien de chacun des parents. Le recul a permis au pédopsychiatre Maurice Berger de constater l’apparition de troubles liés à la discontinuité des lieux de vie et des figures d’attachement. Il préconise d’éviter la formule avant l’âge de 6-7 ans. D’autres, tel le psychiatre et psychanalyste Bernard Golse, auteur des Destins du développement chez l’enfant (Érès, 2010), la déconseillent avant 2-3 ans… Bref, le débat fait rage chez les experts.

À Psychologies, nous sommes plusieurs à pratiquer la garde alternée, convaincus que, lorsqu’elle est voulue dans l’intérêt de l’enfant, elle constitue la moins mauvaise des solutions. L’autre éventualité le condamnerait à être privé de grandir auprès de l’un de ses parents. Conscients du bouleversement engendré par la perte de sa cellule familiale d’origine, la constitution de nouveaux couples parentaux, etc., nous avons demandé à Nicole Prieur, longtemps experte près la cour d’appel de Paris dans des situations de séparation difficiles, de faire le point sur les précautions à prendre afin que l’enfant s’acclimate au mieux à sa nouvelle vie.

La garde alternée convient-elle aux tout-petits ?

De nombreux psys recommandent de l’éviter avant les 2-3 ans de l’enfant. Un point de vue que partage en partie Nicole Prieur, compte tenu du fait que, avant cet âge, son « continuum d’existence » – la représentation de sa propre permanence et de celle du monde qui l’entoure – n’est pas assez solide. « Les séparations répétées, alors qu’il ne se repère pas dans le temps, engendrent chez lui une forte angoisse existentielle : il n’est pas sûr que le parent qui disparaît continue d’exister, ni de continuer à exister à ses yeux. »

Un argument qui pousse à préserver une certaine stabilité dans son cadre de vie, mais aussi à lui permettre de voir son autre parent assez fréquemment. « Cela dit, je me refuse à avoir une position de principe sur cette question, poursuit- elle. Il m’est arrivé de la recommander pour des bébés de quelques mois dont les deux parents étaient fortement investis dans les soins de maternage, et de la proscrire pour des enfants plus âgés, lorsque ce choix correspondait surtout au désir de punir l’ex-conjoint. »

Pour le sociologue Gérard Neyrand, auteur de L’Enfant face à la séparation des parents (La Découverte, 2009), rien ne permet d’affirmer que la résidence alternée est plus préjudiciable pour le bébé que la résidence unique chez sa mère, si ce n’est des considérations idéologiques éculées.

Quel que soit l’âge, l’enfant doit-il être consulté ?

« On se soucie bien sûr de ses émotions, mais en aucun cas on ne lui demande s’il préférerait vivre avec l’un ou l’autre, prévient Nicole Prieur. Ce serait le placer face à un choix impossible et à un traumatisme durable. » Pour l’aider à apprivoiser son nouveau rythme, on peut recourir au dessin : expliquer, à l’aide d’un génogramme, que le trait qui relie ses deux parents est rompu, mais que celui qui relie l’enfant à chacun d’eux est indélébile ; ou placer un calendrier sur le frigo, colorier les cases de couleurs différentes selon qu’il est chez l’un ou l’autre, déplacer un bonhomme magnétique qui le représente, etc.

Les parents doivent-ils avoir réglé tous leurs conflits ?

Deux lectures pour un choix éclairéD’un côté, un ouvrage plutôt alarmiste, qui se veut le premier à décrire avec précision les troubles présentés par beaucoup d’enfants en situation de résidence alternée – ou la parole scientifique opposée à l’idéologie. De l’autre, une enquête qui donne la parole aux enfants, aux pères et aux mères à qui la formule réussit plutôt bien – un « message de paix » au secours des familles déchirées. Deux livres à découvrir en complémentarité pour mener sa propre expérience.

Divorce, séparation : les enfants sont-ils protégés ? sous la direction de Jacqueline Phélip et Maurice Berger, préface de Bernard Golse (Dunod, 2012). 
La garde alternée, du sur-mesure pour nos enfants de Marta de Tena, préface de Ségolène Royal (JC Lattès, 2012).

Le député UMP Richard Mallié a déposé une proposition de loi visant à imposer la résidence alternée par défaut si les parents ne parviennent pas à se mettre d’accord. Pour Nicole Prieur, « c’est une folie. L’absence de consensus signale que les parents ne sont pas encore en mesure de laisser leurs conflits de côté pour s’entendre en ce qui concerne l’enfant. Dans ce cas, la résidence alternée constitue un terreau fertile à l’embrasement. Les vêtements qui se perdent, les livres que l’on oublie, tout devient un motif de disputes ». L’enfant passe de l’un à l’autre avec la peur au ventre, redoutant leurs questions sur ce qui se passe de l’autre côté.

« Attention à ne pas le transformer en œil de Moscou ! » recommande la thérapeute. Et d’expliquer : « La théorie systémique considère que le conflit est une manière de maintenir un lien. Pour bien vivre la résidence alternée, il faut avoir accepté la séparation au plus profond de soi. » Être capables de se respecter mutuellement comme parents. De renoncer à transformer l’autre et à avoir un droit de regard sur ce qui se passe chez lui. Et de parvenir à considérer sa deuxième vie comme une richesse supplémentaire.

L’enfant doit-il avoir une chambre de chaque côté ?

La mise en place de la garde alternée soulève des questions d’ordre matériel. Elle nécessite que les parents ne vivent pas trop loin l’un de l’autre, que l’école soit de préférence à mi-chemin. S’il est d’usage qu’il n’y ait pas de pension alimentaire, la contribution financière à la vie de l’enfant est rarement équitable (l’un prenant à charge les frais de santé plus que l’autre, par exemple), suscitant parfois des frictions.

Par ailleurs, il est fréquent que l’un des parents emménage dans un appartement plus petit, tandis que l’autre conserve la maison où ils ont vécu ensemble. L’enfant peut alors avoir sa propre chambre d’un côté, mais devoir en partager une de l’autre. « Il s’en soucie moins que le parent, qui se reproche de ne pas pouvoir lui offrir mieux, assure Nicole Prieur. Ce qui importe à l’enfant, qu’il occupe une chambre ou un coin de studio, c’est d’avoir le sentiment que sa présence compte dans chacun de ses deux foyers, qu’il a sa place et qu’il est attendu. »

Ce qui est terrible pour lui : que son lit serve de débarras en son absence. « L’espace qui lui est attribué est une projection de son espace intérieur, décrypte la thérapeute. L’invasion de son lieu est vécue comme une intrusion intime. »

Quand vaut-il mieux arrêter l’alternance ?

L’entrée dans l’adolescence s’accompagne fréquemment d’un changement de rythme. L’enfant formule parfois le souhait d’allonger le temps de l’alternance : deux semaines chez chacun plutôt qu’une, ou même parfois un an sur deux. « Mais, bien souvent, la peur de blesser ses parents ou l’incapacité, parce qu’il a toujours vécu comme cela, de reconnaître que ce système ne lui convient plus l’empêche d’exprimer son besoin de réaménager son mode de vie », signale Nicole Prieur. On sera alors attentif à repérer les signes de son malaise, pas toujours faciles à différencier des affres de l’adolescence. « Et on n’hésitera pas à lui proposer d’aller parler avec un psy, préconise-t-elle. Celui-ci pourra l’aider à examiner ses motivations. Et éventuellement à présenter sa requête au parent qu’il craint de blesser en choisissant de le quitter. »

Car il arrive souvent un moment où l’adolescent aspire à s’installer à un seul endroit, lorsque la logistique de la garde alternée, ajoutée à sa charge de travail scolaire et à ses activités extrascolaires, devient trop pesante. « Les parents redoutent alors qu’il fasse le choix de la facilité : aller vivre avec le plus coulant des deux. Mais j’ai vu des enfants opter au contraire pour le plus exigeant, celui avec lequel ils avaient l’impression de pouvoir mieux exprimer leurs talents. Ou bien ils choisissent de vivre avec le parent de même sexe à un moment où c’est important pour leur construction identitaire. »

Reste que cette décision est difficile à digérer pour celui qui se sent délaissé. D’où l’importance de travailler ce choix avec un thérapeute, qui pourra également aider le parent à admettre que l’intérêt de son enfant est un jour de vivre loin de lui, sans que cela soit vécu comme un rejet mais comme le cours normal de l’existence, même si ce moment arrive plut tôt que prévu.

« Cela m’a donné une grande capacité d’adaptation »

Hugo, 23 ans, étudiant

« J’avais 12 ans quand mes parents se sont séparés. Mon frère, 9. Nous changions de maison une semaine sur deux. Quand je suis entré en troisième, le rythme est passé à quinze jours. De l’avis général, ça paraissait mieux. J’en ai été soulagé : une semaine, ça ne laisse pas le temps de s’installer. C’était d’autant plus difficile que nous avions pas mal d’activités et que mes parents habitaient relativement loin l’un de l’autre. Mais ils faisaient tout pour nous faciliter la vie. J’ai un bon souvenir des trajets en voiture avec ma mère et mon frère pour aller au collège, depuis Saint-Ouen, où elle vivait, jusqu’au Ve arrondissement, où était mon père.

J’ai moins souffert de la séparation et de la garde alternée que de mon passage en sixième dans un nouveau quartier, avec des codes différents. Mon père a refait sa vie, pas ma mère. Chez l’un et chez l’autre, c’était très différent : on se faisait des super plateaux-télé chez ma mère ; chez mon père, c’était proscrit, mais il y avait toujours des gens intéressants. J’ai développé une belle amitié avec ma belle-mère. Elle a apporté de la qualité de vie dans notre tanière de garçons.

Je crois que la garde alternée m’a donné une grande capacité d’adaptation, une meilleure acceptation des gens. J’en garde aussi le besoin de bouger d’un milieu à l’autre, je ressens ça comme une richesse. J’ai également à cœur, lorsque je suis accueilli chez quelqu’un, de repartir en effaçant les traces de ma présence. Je me suis pourtant toujours senti à ma place dans mes deux maisons, mais je n’aime pas déranger. Si cela se présentait, je choisirais ce système pour mes enfants. »

« J’ai développé différentes facettes de ma personnalité »

Marie, 35 ans, juge

« Au début – j’avais 5 ans –, je vivais deux semaines avec mon père, une semaine avec ma mère. Cela avait été décidé comme ça parce que ma mère n’avait pas encore de logement, mais sans doute aussi en compensation pour mon père – c’était elle qui était partie. Rapidement, j’ai demandé à passer une semaine avec chacun, j’avais besoin que ce soit équitable. J’ai beaucoup investi l’école, car c’était mon seul lieu de stabilité, et j’ai fait une très bonne scolarité. À 15 ans, je suis allée vivre chez mon père à plein-temps. Ma mère était partie en province, je la voyais un week-end sur deux. Puis j’ai passé trois ans chez elle, jusqu’au bac, et de nouveau deux ans avec mon père. Ça s’est équilibré naturellement.

J’ai eu des frères et sœurs de chaque côté. J’en ai été heureuse. J’ai éprouvé plus de jalousie chez mon père, peut-être parce que ma belle-mère faisait des différences entre ses enfants et moi. En même temps, j’étais la grande, je l’aidais et c’était gratifiant. Je n’ai pas été malheureuse dans ce système. Quand on est enfant, avoir deux fois plus de cadeaux à Noël et aux anniversaires, ça compte.

Ado, les conflits avec mes parents n’avaient pas le temps de dégénérer avant que je change de maison. Adulte, j’ai eu plus de mal à me stabiliser. J’ai conservé, un temps, l’habitude de partir au moment où les choses se gâtaient. J’ai rencontré mon compagnon tardivement. Mais, globalement, je crois que cette situation m’a permis de développer différentes facettes de ma personnalité. J’ai eu plus d’adultes sur lesquels m’appuyer. Deux couples parentaux desquels m’inspirer. Aujourd’hui, j’ai deux enfants. Mon mari s’en occupe beaucoup. Nous imaginer séparés me fend le cœur. Mais je trouverais injuste que l’un de nous soit privé des enfants, et les enfants de nous. »

Par Laurence Lemoine via Psychologies.com

Paternité volée, l’arrache-cœur

pères et enfants, déchus de leur droit de visite - 2houses

Les ruptures difficiles laissent souvent les pères sur le bord de la route. Et pour continuer à voir leurs enfants, certains doivent se battre contre des mères devenues leurs rivales. Des hommes en colère témoignent.

Sa compagne est partie au terme de sa grossesse sans laisser d’adresse. Ni d’explications. Déboussolé et meurtri, Jean-Marc Wencker, ne s’en est pas remis : « Réfréner son instinct paternel est une descente en enfer », écrit-il dans son livre. Il appartient à cette génération de pères présents à l’échographie, à l’accouchement – auquel ils participent même parfois. En face d’eux : des femmes socialement émancipées qui n’ont plus le monopole du lien charnel avec le nouveau-né. Entre ces pères maternants et ces mères autonomes, il arrive que la rivalité éclate et se transforme en guerre, faisant des enfants les otages de leur mère. « Ces hommes qui ont vu et parlé au fœtus sont des “papas immédiats”. Comment voulez-vous qu’ils ne vivent pas la séparation de manière désastreuse ? s’indigne le psychanalyste Didier Dumas. Eloigner un enfant est un acte archaïque et narcissique ! »

La gestion du manque

Jean-Marc Wencker utilise, pour se désigner, une expression terrible : « père jetable », qui est également le titre de son livre. « Le faire a été ma façon d’être père à distance, reconnaît-il. L’écriture est une alliée qui m’a permis de sublimer une paternité incomplète. En écrivant, je pleurais sans geindre… » Philippe, 40 ans, s’exprime d’un ton saccadé, tant il peine à contenir sa souffrance. « Mon ex-femme a entamé une procédure de divorce alors que notre fils, Tristan, fêtait ses 5 ans. Elle a fait bien pire que de le prendre en otage : elle a tenté de me supprimer de sa vie. Elle n’a pas réclamé de pension, mais elle s’est battue avec férocité pour me retirer l’autorité parentale. En attendant la décision du juge aux affaires familiales de Nanterre, je n’ai pas vu Tristan pendant six mois… Un dimanche de novembre, gris et glacial, en voyant sa chambre vide, mon manque a atteint une telle intensité que je suis parti en voiture, roulant sans fin et sans but précis. L’image de cette chambre déserte me restera à jamais. »

Confronté à cette épreuve qu’est le « manque de l’enfant », chacun tente de rester papa à sa manière : « Beaucoup écrivent, remarque le psychanalyste Jacques Arènes. Livres, journaux intimes, courriers… une façon de sublimer leur détresse à travers une paternité fantasmée. » Emu, il se souvient de cette jeune patiente, future maman, enquêtant sur les traces d’un père mort, « confisqué » par sa mère après leur divorce : « Cet homme avait sombré dans l’alcoolisme et était devenu SDF. Il a fallu des mois à sa fille pour retrouver son foyer d’hébergement. Ses copains de galère lui ont alors raconté comment il donnait vie à cette paternité supprimée, montrant à tout le monde des photos de cette petite fille qu’il adorait, parlant d’elle des nuits entières. »

Mères diabolisées, pères victimisés…

Dans cette difficile gestion de l’absence, de la souffrance, le langage est décisif : « Un père absent est fonctionnel dès lors qu’il existe en termes valorisants dans la bouche de la mère, constate Didier Dumas. Même un père mort dont une mère parle avec respect permet à l’enfant de faire son œdipe… » L’écrivain Richard Morgièvre a vécu trois divorces. Il a gardé des relations sereines avec les mères de ses enfants. Son travail d’introspection à la suite de ses ruptures lui a permis de prendre un certain recul : « Perdre ses enfants de vue, c’est perdre son clan, sa virilité. Quand on l’empêche d’être père, un homme souffre tellement qu’il revit son enfance peuplée de peurs primales comme l’abandon, la castration. Pour survivre et rester père mythique, nous devons reconquérir notre virilité. Or celle-ci passe indiscutablement par une territorialité avec nos enfants. Là-dessus, il n’y a pas de négociations possibles avec les mères ! »

Jean-Marc Wencker, lui, s’emporte contre le chantage dont certaines mères useraient pour se venger d’eux. « Elles nous infantilisent en nous “confisquant” nos propres enfants comme l’on “confisque” un jouet pour punir un petit garçon de ses fautes. Mais de quelles fautes ? » La faute… Ce mot revient comme un leitmotiv dans le discours de couples où disqualification conjugale est confondue avec disqualification parentale… « Dans la séparation, les femmes ont envers les pères une énorme agressivité », constate sans juger Jacques Arènes. Mais la « violence » des mères a aussi ses raisons. Le psychanalyste en avance une : la revanche des mères sur des siècles de domination économique par les pères. « Aujourd’hui, le seul domaine où les hommes n’ont plus de pouvoir est la famille », dit-il. Une analyse radicale qui ne fait pas l’unanimité. « Le matriarcat n’a jamais existé, rétorque Didier Dumas. Quant à la confiscation de la paternité, elle ne date pas d’aujourd’hui. La loi de 1970 sur l’égalité dans l’autorité parentale est le début de la mise au pouvoir des mères, ce qui ne signifie pas l’avènement du pouvoir des femmes, bien au contraire. »

Une nouvelle guerre des sexes ?

La guerre des sexes se serait donc sournoisement déplacée sur le terrain de la famille. Pour Emmanuelle Didier-Weil, psychanalyste, ce discours sur les mères est inacceptable : « Père jetable ? Comme des préservatifs ? C’est prêter aux mères des sentiments bien bas. Dans une société individualiste obsédée par l’autonomie, j’y vois juste une difficulté pour les mères à se positionner. Et pourquoi ne parle-t-on pas des pères qui se confisquent eux-mêmes leur paternité ? Vous savez, ces nombreux hommes qui renoncent par déni à gérer une séparation, “trop compliquée” et qui fuient, là où les femmes se battent ! »

La réalité est donc plus ambivalente qu’il n’y paraît. Ces mères « coupables » sont aussi celles qui assument le quotidien, quand les pères ont tendance à pratiquer la fuite en avant… Le travail de Christine Castelain-Meunier, sociologue, sur le nouveau rôle des pères dans les familles recomposées, est édifiant. Elle dénonce le fantasme autour de ces mères belliqueuses qui rêvent d’élever leur progéniture « sous elles », à l’instar de la louve romaine. Refusant d’adhérer à l’idée que la guerre des sexes s’est déplacée sur le terrain familial, elle raisonne en sociologue : « La réalité montre que les femmes sont plus aptes socialement que les hommes à créer des réseaux éducatifs – amies, grands-mères, copines, relations – au bénéfice des enfants. Le combat des pères pour maintenir des relations avec l’enfant s’exprime de plus en plus fortement, mais sans se concrétiser systématiquement sur le long terme. Réfléchissons sur la vraie nature de ces empêchements, dont les femmes ne sont pas toujours à l’origine. »

Comme nombre de ces pères « jetés », Franck, 39 ans, a un petit garçon de 4 ans. Il récuse cette vision des choses. « Je trouve humiliant, s’indigne-t-il, que les hommes aient à passer continuellement des examens pour prouver leur compétence paternelle. Dans ces conflits égoïstes, on oublie trop souvent les vraies victimes : les enfants !

Par Jean-Baptiste Drouet via Psychologies.com

La résidence alternée côté mère

résidence alternée témoignage - 2houses

Témoignage de Viviane

Nous avons interviewé Viviane, employée dans une agence de relation de presse, mère de P, 5 ans, pour connaître son sentiment sur la résidence alternée

Le JAF m’a imposé une garde alternée pendant 1 an et demi.
J’ai 34 ans et je vis depuis toujours à Paris. Je me suis mariée en 1993, j’ai eu ma fille en janvier 1997. Nous nous sommes séparés avec son père lorsqu’elle était âgée de quelques mois, et notre divorce a été prononcé en 2000.

Notre expérience avec la garde alternée a été imposée par le juge, en conciliation. En effet chacun de nous demandait sa garde et la présidente a jugé préférable de ne pas statuer sur la résidence de P (notre fille) chez l’un ou l’autre dès le démarrage de la procédure.Elle voulait instruire plus avant le dossier et éclairer son point de vue dans un dossier complexe vu de l’extérieur.

Nous louions un appartement et avions depuis la naissance de P une nounou à domicile, le juge a donc décidé que P resterait dans l’appartement à temps complet avec cette nounou dans la journée, son père y résiderait les semaines impaires et moi les semaines paires.
Nous devions partager les frais de nounou, de loyer etc?
L’un était présent du lundi soir (relevait la nounou) au lundi matin suivant ( à l’arrivée de cette dernière) alors que l’autre arrivait le lundi soir etc, Il n’y avait donc pas de connexion entre son père et moi.
Ce système a fonctionné durant 1 an 1/2 de l’âge de 4 mois à 18 mois environ, jusqu’à une décision du juge sur notre divorce.

En étant sincère, bien que la séparation avec ma fille était difficile car elle était très très jeune, et ayant encore peu de recul finalement car c’était il y a 2-3 ans seulement, cette solution a bien fonctionné.

Pour P d’abord : la situation était réglée comme du papier à musique, elle a très vite pris le rythme régulier et constant de cette solution avec, il est vrai, la chance d’avoir une présence féminine constante remarquable (la nounou). Bien sûr ce n’est pas sa mère mais son rôle était crucial. Cela dit je n’ai pas les moyens de connaître réellement les effets de ces séparations répétées.
Ce que je sais simplement c’est qu’aujourd’hui cette enfant est très équilibrée, sereine et ne se sent pas abandonnée par l’un ou l’autre.

Au final quand on prend du recul (en faisant abstraction des difficultés matérielles pour les adultes) elle avait un univers constant (l’appartement), une nounou en or très présente et finalement des parents qui se consacraient à 100 % à elle, ayant le temps, les semaines creuses, de se consacrer intellectuellement à la gestion de ce divorce difficile .

Pour moi (je ne parlerai pas pour son père !) : la situation était difficile car j’étais séparée de ma fille mais comme je viens de le dire les semaines « sans » me permettaient de prendre du recul, « d’encaisser » affectivement et humainement les affres de ce divorce « guerrier ».

Cette solution a aussi sans doute beaucoup arrangé les choses car je pense qu’aucun de nous ne ressentait la lourde injustice de la garde arbitraire décidée par un juge qui ne connaît pas encore les faits. La juge n’avait pas fait de « préférence » ce qui a permis de laisser sans doute passer un peu la hargne des premiers temps de façon plus facile (surtout pour mon ex mari qui avait demandé le divorce pour faute).
Néanmoins cette solution a été arrêtée, et P est venue habiter avec moi, mais voyant toujours beaucoup son père.

Sans la décision du juge, je n’aurai jamais décidé une garde alternée, partant du principe que, surtout jeune, un enfant doit rester avec sa mère si possible. Cela dit en voyant le résultat aujourd’hui, je dois reconnaître que pour l’instant cela a été plutôt bénéfique, surtout pour calmer les esprits et laisser un peu de temps aux choses, et dieu sait si ce point est crucial car il est la clé de beaucoup de conflits de divorce.

Il faut néanmoins absolument qu’il n’y ait aucun différent matériel et financier car les écarts sont faciles. Ce serait même dangereux car c’est tout de même un levier évident qui permet d’embêter l’autre.

Dans notre cas, c’est véritablement la garde que nous nous  » disputions « , nous savions chacun qu’il ne fallait pas déplacer le débat, au risque de nous perdre dans notre requête profonde.

Aujourd’hui, nous ne faisons pas perdurer ce système de garde car je pense que P a beaucoup grandie et que les années de construction de 2 à au moins 7 ans devaient se faire en majorité avec moi (mais aussi beaucoup avec son père), nous avions d’ailleurs quand même un peu de retard à combler dans la relation mère/fille.

A l’avenir je ne sais pas encore ce que l’on fera, je n’exclus aucune solution d’office.
Je pense que nous devons gérer une situation qui évolue au fil du temps et les changements de situation à partir de l’âge où un enfant sait retenir le meilleur de chacun et surtout ce dont il a besoin sans pour autant le faire en cumulant les heures de présence (quel est-il me direz-vous ? ? !).

Il est impossible de statuer une bonne fois pour toute dans la vie d’un enfant. Nous parents, devons constamment observer, écouter, se remettre en question pour essayer d’être le plus proche possible des vrais besoins de nos enfants? Et dieu sait si c’est difficile !

source: Elledivorce.com

La résidence alternée coté père

résidence alternée du côté du père - 2houses

Témoignage de Felix

Nous avons interviewé Félix, 36 ans, commercial, père de Philippe, 6 ans, pour connaître son sentiment sur la résidence alternée

 

Depuis 5 ans vous pratiquez la résidence alternée, et justement c’est d’actualité car la loi est en train de changer. En tant que précurseur, pourquoi et comment aviez-vous à l’époque choisi ce type de garde ?
En 1996, quand nous avons divorcé, légalement il n’était pas possible d’avoir une double résidence pour l’enfant.
Le juge a donc donné la garde à ma femme, mais pour des raisons professionnelles elle avait besoin de se déplacer souvent en province. Nous nous sommes tournés naturellement vers ce type de solution, sans passer devant le juge aux affaires familiales.

Quels conseils donneriez-vous aux parents qui envisagent ce type de solution?
A mon sens il faut qu’il y ait un dialogue entre les parents, une vision commune de l’éducation (choix de l’école , religion etc?), et évidemment une proximité géographique.
Mais il y a une erreur à ne pas commettre : Chacun doit rester chez soi, je ne vais jamais dîner ou prendre un verre chez mon ex .
Au départ on a essayé de fêter l’anniversaire de Philippe ensemble : on croyait lui faire plaisir et ça l’a complètement déstabilisé : au moment de la séparation il ne savait plus chez qui il devait aller et ne voulait pas en quitter un des deux, il était très triste et m’a dit tu n’as qu’à dormir chez maman ce soir.
Depuis nous alternons les Noëls : une année sur deux et on fête 2 anniversaires.

Y-a-t’il un risque pour les enfants et pour vous ?
A mon avis il n’y a aucun risque pour l’enfant mais ça oblige chaque parent à mieux s’en occuper.

Quels sont à votre avis les avantages d’une garde alternée, pour vous, pour votre ex femme, pour les enfants ?
Je pense que ça assure la stabilité de l’enfant, et ça évite aux parents de devenir des papas ou mamans cadeaux.
Pour les pères qui s’occupaient des enfants avant divorce : rien ne change.
Mais pour les autres il y une nette dérive à devenir un papa cadeaux présent le temps d’un week-end ; les mâles ont une grande faculté à se détacher des enfants.
Chaque parent peut participer à la vie quotidienne de l’enfant, et peut s’investir à fond dans sa semaine.
On est plus apte à gérer les caprices ou les maladies, car on sait que la semaine suivante, on pourra souffler.

Quels sont à votre avis les inconvénients d’une garde alternée, pour vous, pour votre ex femme, pour les enfants?
L’inconvénient : on s’interdit tous de déménager et on reste dans le même périmètre.
Imaginez un peu : deux couples recomposés, tout les quatre étaient mariés, en faisant un calcul simple cela fait finalement 16 adultes concernés, sans parler des enfants.
2ème inconvénient : on a tout en double.

Comment votre enfant a-t’il réagi quand il s’est trouvé confronté à deux maisons ?
Bien, il sépare tout à fait les deux.
Dès que Phil arrive chez moi, je lui explique toujours combien de temps cela va durer pour qu’il puisse se repérer. Je le faisais compter sur ses doigts pour qu’il comprenne mieux et qu’il ne soit pas trop malheureux.

Pensez-vous que l’on doit généraliser ce mode de garde ?
On peut généraliser ce mode garde car il n’y a aucune raison pour que la femme prenne tout à sa charge à partir du moment où elle divorce

Source: Elledivorce.com

Maman ou papa divorce et «refait sa vie»

divorce et enfant les parents refont leur vie - 2houses

Au moment où ses parents divorcent, un enfant a plus que jamais besoin de temps et d’attention. Et la formation rapide d’un nouveau couple est souvent un cap difficile à passer pour lui.

La séparation, le divorce. Une épreuve, un échec qu’on voudrait pouvoir toujours éviter. Et pourtant cette réalité fait malheureusement partie de la vie de beaucoup d’enfants. Ont-ils pu s’y faire, ces enfants qui, alors, avaient 3 ou 4 ans, 15 ans ou plus ? Ont-ils compris que leurs parents, à leurs yeux inséparables, ne s’aimaient plus ? Sont-ils convaincus de n’être pas coupables ? Surtout, ont-ils compris que, même divorcés, ceux qui leur avaient donné le jour restaient « pour toujours » leur père, leur mère ? Quoi qu’il en soit, avec l’arrivée chez eux du nouveau partenaire de leur parent, beaucoup de ces fils et filles « divisés » vont connaître un second bouleversement.

Car « la remise en couple d’un parent divorcé secoue toujours profondément l’enfant », constate la philosophe France Bonneton, qui a enquêté auprès de nombreux jeunes concernés par cette réalité. En effet, tout en signant la fin de l’espoir de réconciliation du couple parental, la perspective d’une nouvelle aventure conjugale pour un des parents inquiète l’enfant : « C’est qui cet homme, c’est qui cette femme ? Va-t-il, va-t-elle me plaire ? Et moi, quelle place vais-je avoir ? Devrai-je lui obéir ? Comment va-t-il me juger ? Et s’il a des enfants à lui ? Et si ce nouveau couple échouait aussi ? Comment mon autre parent va-t-il réagir ? »

Les uns, comme Carole qui avait 13 ans quand sa mère lui parla de son projet, ont si peur qu’ils préféreraient prendre la fuite, avant même la cérémonie des présentations : « J’avais deviné depuis longtemps que ma mère était amoureuse, explique-t-elle. Mais, je m’étais juré que si cet homme couchait dans le même lit que papa, je ferais une fugue pour ne pas avoir à le connaître. Ce que j’ai fait trois jours après son arrivée. » Les très jeunes enfants, parfois derrière le masque de l’insouciance, n’échappent pas à cette angoisse, semble-t-il. Ce que traduit la réflexion de ce jeune garçon de 5 ans à son enseignante de maternelle : « Papa est parti avec une autre dame. Et maintenant, maman aime un autre monsieur, et moi je vais rester tout seul… alors je veux rester à l’école avec toi. »

Les premières rencontres avec un beau-parent sont à vivre sur la pointe des pieds. Avec prudence et délicatesse.

Gérard Poussin, professeur de psychologie à l’université Pierre-Mendès-France à Grenoble, explique cette inquiétude par le sentiment d’appartenance que tout enfant éprouve vis-à-vis de ses parents. « Même séparés, ce sont « ses » parents. Si l’un part avec un autre partenaire, il se sent dépossédé, dit-il. Il éprouve un sentiment de perte et d’abandon. »

Autant dire que les premières rencontres avec un beau-parent sont à vivre sur la pointe des pieds ! Avec prudence et délicatesse. « Ce n’est pas toujours le cas, regrette France Bonneton. Au cours de mon enquête, j’ai souvent été effarée de voir à quel point les adultes, engagés dans leur nouvelle passion amoureuse, oublient leur responsabilité de parents. Trop souvent, ils sous-estiment le besoin d’écoute et de compréhension de leurs enfants. »

Même avis de Christine Brunet, psychologue clinicienne et psychothérapeute, qui insiste pour que le nouveau partenaire « ne débarque pas » du jour au lendemain dans la vie de l’enfant. « Seul moyen pour que les parents gardent aux yeux de l’enfant toute leur dignité,souligne-t-elle. Sans ce « sas », les enfants ont l’impression que leur parent pourrait désormais passer d’un amant à un autre et qu’ils les négligent. » Dans le même sens, Florence Cadier, qui, elle aussi, a rencontré de nombreux jeunes pour écrire un livre sur le sujet, témoigne du nombre important d’entre eux qui sont insupportés par « l’exhibitionnisme amoureux» de certains parents aux débuts de leur deuxième relation conjugale.

Pourtant, tôt ou tard, l’enfant doit accepter la situation. Les réactions sont alors multiples. À chaque famille, son histoire, son passé et ses possibles. Les enfants éprouvent des sentiments contradictoires : de l’hostilité franche à la méfiance en passant par la colère, la suspicion ou l’indifférence ou encore le sentiment de trahison ; mais aussi parfois l’espoir de réconfort et de consolation, l’envie de reconstruire une paix oubliée. Certes, l’âge de l’enfant joue. Apprendre quand on est un petit garçon de cinq ans qu’un « monsieur » qui n’est pas son papa va désormais vivre avec sa maman, qui, elle, reste sa maman pour toujours, ne pose pas les mêmes questions que de l’apprendre à 15 ans quand son propre regard est déjà attiré par les filles de son âge.

Parfois l’aide d’un tiers s’avère nécessaire pour que les uns et les autres s’apprivoisent et apprennent à vivre ensemble.

Faut-il en conclure qu’un cas est plus problématique que l’autre ? Les plaintes qui s’entendent sur les lignes du Fil Santé Jeunes, dans les centres d’écoute ou encore dans les cabinets « psy », montrent une réalité beaucoup plus complexe. En effet, de nombreux facteurs s’entrecroisent et se conjuguent, qui influencent ces premiers regards portés sur le nouvel arrivé. Ainsi, le beau-parent était-il déjà dans la vie de l’un des parents ? Des mensonges ont-ils couvert les amours cachés du parent divorcé ? L’entente avec le parent qui a été quitté est-elle bonne ou au contraire conflictuelle ? Les parents ont-ils su se séparer sans se déchirer, établir des relations responsables au sujet de l’enfant pour sa garde et l’exercice de l’autorité ? L’enfant est-il resté longtemps seul avec son parent ? Le beau-parent est-il lui aussi divorcé ? A-t-il des enfants ? Sans compter les situations extrêmes qui transgressent la symbolique générationnelle, comme celle dont témoigne Christophe, 28 ans : « J’avais 16 ans quand mon père s’est remarié avec une fille qui avait l’âge de ma soeur aînée. De ce jour, il a perdu toute mon estime et je n’ai jamais pu accepter ma belle-mère. »

Mais heureusement, dans d’autres cas plus favorables, le temps jouant, associé à la bonne volonté des uns et des autres, les relations peuvent évoluer dans le bon sens. Ce qui au départ était apparu insurmontable ne l’est plus. « Parfois l’aide d’un tiers, comme un thérapeute familial, peut être nécessaire, souligne Gérard Poussin. Pour que les uns et les autres s’apprivoisent, acceptent les changements d’habitudes et fassent les compromis inévitables de toute vie commune. »

Arrive le moment où chacun est assuré de sa place dans la nouvelle constellation familiale, où les droits et les devoirs de tous ont été reconnus, les règles de vie établies. Une nouvelle forme de vie familiale peut alors exister et de nouveaux liens se tisser. Avec, pour l’enfant, la certitude d’avoir gardé l’amour de ses parents et gagné la bienveillance d’un autre adulte. Pour le reste, c’est la capacité de chacun à bien vivre ensemble qui fera la différence. Comme dans toute famille.

 Par Agnès Auschitzka

Divorce: Quels droits pour les grands-parents ?

grands parents et le divorce - 2houses

Les grands-parents sont de plus en plus fréquemment confrontés au désarroi de se voir priver de tout contact avec leurs petits-enfants, du fait, le plus souvent, des relations distendues entretenues avec leurs propres enfants.  Ils sont souvent peu au fait de la procédure applicable, qui, il faut le dire, n’est pas des plus simples.  En effet, si la loi a simplifié les actions familiales, l’action réservée aux grands-parents est restée à l’écart de cette simplification….Par ailleurs, il est intéressant de savoir ce qui est consacré par la loi et la position de la jurisprudence en la matière.

Grand-père, Grand-mère, concerné(e) par cette situation, voici les questions que vous vous posez peut être :

Quels sont mes droits vis-à-vis de mes petits-enfants ?
L’article 371-4 alinéa 1er du code civil consacre le droit de l’enfant d’entretenir des relations personnelles avec ses ascendants, c’est-à-dire le droit de leur rendre visite, le droit de leur écrire ou encore de leur téléphoner.  Les conditions dans lesquelles s’exercent ces relations sont définies librement avec les parents de l’enfant.  En revanche, il arrive que le dialogue soit interrompu avec les parents de l’enfant, en raison d’un divorce par exemple. Un recours au juge doit alors être envisagé.

Quel juge saisir ?
Le juge aux affaires familiales est compétent, sauf lorsque l’enfant est placé. Dans ce cas, le juge des enfants est exclusivement compétent.

Comment agir ? 

L’assistance d’un avocat est obligatoire.
Le juge est saisi par voie d’assignation et l’action est généralement dirigée à l’encontre des parents de l’enfant.
La procédure est écrite et souvent longue.
Une procédure d’urgence peut être envisagée, mais il est rare en pratique que la condition de l’urgence soit remplie.
Le ministère public aura communication des demandes qui sont formées en la matière. Comme en matière de filiation, le ministère public doit veiller à la sauvegarde de l’ordre public en matière familiale.

Quelles sont les conditions légales me permettant de bénéficier d’un droit de visite ? 
Avant la loi du 5 mars 2007, les relations personnelles de l’enfant avec ses grands-parents pouvaient être exclues pour «motifs graves».
La loi n°2007-293 du 5 mars 2007 est venue modifier l’article 371-4 du code civil, qui prévoit désormais que «seul l’intérêt de l’enfant peut faire obstacle à l’exercice de ce droit».
Désormais donc, le juge prend en considération l’intérêt de l’enfant pour accorder ou refuser un droit de visite avec un ascendant.
Il reste que l’intérêt de l’enfant est un concept fuyant, de sorte que le juge fait une analyse au cas par cas.

En cas de conflit ouvert avec le père ou la mère de l’enfant, le juge peut-il néanmoins m’accorder un droit de visite ?
Oui, si le juge estime que le maintien de cette relation avec un ascendant lui parait conforme à l’intérêt de l’enfant.

Quid du cas où l’enfant n’a plus de contact avec l’un de ses parents, qui est mon propre fils ou ma propre fille?

Dans cette hypothèse, le juge pourrait théoriquement être plus réticent à vous accorder un droit de visite.
Force est pourtant de constater que le juge fait preuve de beaucoup de pragmatisme et analyse la situation au cas par cas.
Ce qui se dégage cependant est que la seule opposition du ou des parents de l’enfant ne suffit pas à justifier leur refus, non plus que le seul conflit existant avec vous.
Le juge vérifie dans ce cas que vous êtes aptes à établir des relations sereines avec vos petits-enfants en faisant abstraction du conflit familial. Il est également précisé que le juge est souvent enclin à ordonner une médiation familiale, ou une mesure d’expertise médico-psychologique lorsque les conflits intra-familiaux sont complexes.
Enfin, l’avis de l’enfant reste un élément important pour déterminer si le maintien des relations qu’il entretient avec ses grands-parents est contraire ou non à son intérêt. Rappelons que l’enfant doit, pour pouvoir être entendu, être capable de discernement.

Quelles sont les modalités du droit de visite que je peux raisonnablement espérer obtenir ? 

Il appartient au juge d’apprécier quel est le meilleur aménagement pratique. Il s’agira le plus souvent d’un week-end par mois et d’une partie des vacances.
Mais le juge peut aussi fixer un droit de visite réduit, notamment lorsque les relations ont été longtemps ou violemment interrompues. Il peut également fixer le droit de visite en lieu neutre. Cela peut être le cas lorsqu’il y a un risque pour l’enfant d’entrer en contact avec l’un de ses parents par votre intermédiaire, lorsque le juge estime que cela serait contraire à son intérêt.

Par maître Cécile Steil via elledivorce.com

Divorce : Les enfants souffrent mais croient encore au mariage

mariage et les enfants de divorcés - 2houses

Plus d’un enfant de divorcé sur deux souffre de la séparation de ses parents… La bonne nouvelle en revanche, c’est que la plupart d’entre eux s’en remettent et croient encore au grand amour.

Voici une étude qui risque sinon de faire culpabiliser du moins de troubler quelques-uns des 130.000 couples qui divorcent chaque année en France. Selon une enquête réalisée par l’Union des Familles en Europe (UFE), plus de six enfants de divorcés sur dix (63%) assurent avoir énormément souffert de la séparation de leurs parents. On avait déjà étudié les conséquences du divorce sur la santé des petits mais c’est la première fois que l’on s’intéresse à leur « ressenti ». Pour Dominique Marcilhacy, porte-parole du l’UFE, il s’agit avant tout de démontrer qu’il faut « arrêter de banaliser le divorce et s’intéresser un peu plus au point de vue des enfants ». En France, 2,9 millions de mineurs ne vivent plus entre leurs deux parents.

Sentiment d’abandon et d’isolement durable

En effet, pour 59% des 1.137 adultes interrogés en 2010, cette rupture a créé un sentiment durable d’abandon et d’isolement. Surtout, 56% des enfants disent avoir été affectés dans leurs études, 41% dans leur vie professionnelle et 88% dans leur personnalité.
Parmi les autres résultats intéressants de cette étude, ceux qui montrent que plus les « enfants » grandissent, plus ils « pardonnent » à leurs parents d’avoir divorcé. Ainsi, si 48% des 18-24 ans affirment souffrir de la séparation, ils ne sont plus que 15% après 56 ans.

Les enfants de divorcés ne divorcent pas davantage

Autre enseignement important de l’étude de l’UFE : les enfants de divorcés ne divorcent pas plus que les autres. Et la séparation de leurs géniteurs n’empêche pas les trois quarts d’entre eux (précisément 72%) à croire au grand amour et à 82% de croire au mariage.
Cependant, même si les parents retrouvent une vie amoureuse stable, le nouveau conjoint n’est pas forcément le bienvenu : ainsi, 58% des belles-mères et 46% des beaux-pères récoltent une opinion négative.

source: France Soir

Le divorce, avantage estival

avantages du divorce - 2houses

« C’est l’été ! Mon fils est triste, car il ne verra pas ses copains. Mais je ne m’inquiète pas : dans deux heures, il les aura oubliés. C’est le bonheur de l’enfance : les tristesses express. Et surtout, il pense aux vacances : « C’est super que vous soyez séparés avec maman car, comme ça, je pars encore plus ! » Il a prononcé cette phrase avec une mine subitement illuminée.

 
Moi, je ne lui avais jamais mis cette idée en tête. Je ne fais pas partie de la catégorie des parents aux mœurs douteuses, qui vantent ainsi les mérites du divorce. Mais on voit souvent dans les médias des familles réjouies, rafistolées, comme si le bonheur, aujourd’hui, était un patchwork. Les séparations se sont donc transformées en avantages. C’est alors que j’ai repensé au début des années 1980. Je me suis souvenu d’un enfant qui avait des parents divorcés quand j’étais au CP. À l’époque, c’était peu courant. Voire très rare.Ma mère m’avait dit : « Il faut être très gentil avec lui. » Je me souviens avoir pensé : « Ah oui, c’est un peu comme s’il était malade. » À nos yeux, il venait d’une autre planète. Les enfants de divorcés étaient des échantillons d’un autre monde, quelque chose d’étrange et de hors normes. On n’osait rien dire, cela nous paraissait fou, l’idée d’avoir deux maisons et, pire que tout, cela voulait dire : passer des soirées seul avec son père. Ces enfants-là, à l’époque, ils avaient toujours l’air un peu tristes. Portant sur leur dos le poids de leur différence. C’est bien simple, on était en plein succès du film E.T., et, pour moi, cela ne faisait pas de doute : les parents d’E.T. étaient forcément divorcés. Tout cela a donc bien changé. Et peut-être même que, dans quelques années, on devra être très gentils avec les enfants dont les parents sont encore ensemble ! « Quoi ? Tu n’as qu’une seule maison ? Tu ne te trimballes pas à droite et à gauche tout le temps ? Quel ennui ! »

Tout ce que nous vivons est lié aux modèles de notre enfance. Alors je me pose une question : ma génération vit sa vie sentimentale avec le souvenir que la séparation est une chose exceptionnelle, mais comment vivra celle de mon fils avec tant d’exemples de familles recomposées ? Si un jour il se marie, pourra-t-il croire un seul instant à l’union pour la vie ? Peut-être que son avenir sentimental sera composé d’amours changeantes. Ce sera alors comme un été permanent. »

Par Psychologies.com