Maman ou papa divorce et «refait sa vie»

divorce et enfant les parents refont leur vie - 2houses

Au moment où ses parents divorcent, un enfant a plus que jamais besoin de temps et d’attention. Et la formation rapide d’un nouveau couple est souvent un cap difficile à passer pour lui.

La séparation, le divorce. Une épreuve, un échec qu’on voudrait pouvoir toujours éviter. Et pourtant cette réalité fait malheureusement partie de la vie de beaucoup d’enfants. Ont-ils pu s’y faire, ces enfants qui, alors, avaient 3 ou 4 ans, 15 ans ou plus ? Ont-ils compris que leurs parents, à leurs yeux inséparables, ne s’aimaient plus ? Sont-ils convaincus de n’être pas coupables ? Surtout, ont-ils compris que, même divorcés, ceux qui leur avaient donné le jour restaient « pour toujours » leur père, leur mère ? Quoi qu’il en soit, avec l’arrivée chez eux du nouveau partenaire de leur parent, beaucoup de ces fils et filles « divisés » vont connaître un second bouleversement.

Car « la remise en couple d’un parent divorcé secoue toujours profondément l’enfant », constate la philosophe France Bonneton, qui a enquêté auprès de nombreux jeunes concernés par cette réalité. En effet, tout en signant la fin de l’espoir de réconciliation du couple parental, la perspective d’une nouvelle aventure conjugale pour un des parents inquiète l’enfant : « C’est qui cet homme, c’est qui cette femme ? Va-t-il, va-t-elle me plaire ? Et moi, quelle place vais-je avoir ? Devrai-je lui obéir ? Comment va-t-il me juger ? Et s’il a des enfants à lui ? Et si ce nouveau couple échouait aussi ? Comment mon autre parent va-t-il réagir ? »

Les uns, comme Carole qui avait 13 ans quand sa mère lui parla de son projet, ont si peur qu’ils préféreraient prendre la fuite, avant même la cérémonie des présentations : « J’avais deviné depuis longtemps que ma mère était amoureuse, explique-t-elle. Mais, je m’étais juré que si cet homme couchait dans le même lit que papa, je ferais une fugue pour ne pas avoir à le connaître. Ce que j’ai fait trois jours après son arrivée. » Les très jeunes enfants, parfois derrière le masque de l’insouciance, n’échappent pas à cette angoisse, semble-t-il. Ce que traduit la réflexion de ce jeune garçon de 5 ans à son enseignante de maternelle : « Papa est parti avec une autre dame. Et maintenant, maman aime un autre monsieur, et moi je vais rester tout seul… alors je veux rester à l’école avec toi. »

Les premières rencontres avec un beau-parent sont à vivre sur la pointe des pieds. Avec prudence et délicatesse.

Gérard Poussin, professeur de psychologie à l’université Pierre-Mendès-France à Grenoble, explique cette inquiétude par le sentiment d’appartenance que tout enfant éprouve vis-à-vis de ses parents. « Même séparés, ce sont « ses » parents. Si l’un part avec un autre partenaire, il se sent dépossédé, dit-il. Il éprouve un sentiment de perte et d’abandon. »

Autant dire que les premières rencontres avec un beau-parent sont à vivre sur la pointe des pieds ! Avec prudence et délicatesse. « Ce n’est pas toujours le cas, regrette France Bonneton. Au cours de mon enquête, j’ai souvent été effarée de voir à quel point les adultes, engagés dans leur nouvelle passion amoureuse, oublient leur responsabilité de parents. Trop souvent, ils sous-estiment le besoin d’écoute et de compréhension de leurs enfants. »

Même avis de Christine Brunet, psychologue clinicienne et psychothérapeute, qui insiste pour que le nouveau partenaire « ne débarque pas » du jour au lendemain dans la vie de l’enfant. « Seul moyen pour que les parents gardent aux yeux de l’enfant toute leur dignité,souligne-t-elle. Sans ce « sas », les enfants ont l’impression que leur parent pourrait désormais passer d’un amant à un autre et qu’ils les négligent. » Dans le même sens, Florence Cadier, qui, elle aussi, a rencontré de nombreux jeunes pour écrire un livre sur le sujet, témoigne du nombre important d’entre eux qui sont insupportés par « l’exhibitionnisme amoureux» de certains parents aux débuts de leur deuxième relation conjugale.

Pourtant, tôt ou tard, l’enfant doit accepter la situation. Les réactions sont alors multiples. À chaque famille, son histoire, son passé et ses possibles. Les enfants éprouvent des sentiments contradictoires : de l’hostilité franche à la méfiance en passant par la colère, la suspicion ou l’indifférence ou encore le sentiment de trahison ; mais aussi parfois l’espoir de réconfort et de consolation, l’envie de reconstruire une paix oubliée. Certes, l’âge de l’enfant joue. Apprendre quand on est un petit garçon de cinq ans qu’un « monsieur » qui n’est pas son papa va désormais vivre avec sa maman, qui, elle, reste sa maman pour toujours, ne pose pas les mêmes questions que de l’apprendre à 15 ans quand son propre regard est déjà attiré par les filles de son âge.

Parfois l’aide d’un tiers s’avère nécessaire pour que les uns et les autres s’apprivoisent et apprennent à vivre ensemble.

Faut-il en conclure qu’un cas est plus problématique que l’autre ? Les plaintes qui s’entendent sur les lignes du Fil Santé Jeunes, dans les centres d’écoute ou encore dans les cabinets « psy », montrent une réalité beaucoup plus complexe. En effet, de nombreux facteurs s’entrecroisent et se conjuguent, qui influencent ces premiers regards portés sur le nouvel arrivé. Ainsi, le beau-parent était-il déjà dans la vie de l’un des parents ? Des mensonges ont-ils couvert les amours cachés du parent divorcé ? L’entente avec le parent qui a été quitté est-elle bonne ou au contraire conflictuelle ? Les parents ont-ils su se séparer sans se déchirer, établir des relations responsables au sujet de l’enfant pour sa garde et l’exercice de l’autorité ? L’enfant est-il resté longtemps seul avec son parent ? Le beau-parent est-il lui aussi divorcé ? A-t-il des enfants ? Sans compter les situations extrêmes qui transgressent la symbolique générationnelle, comme celle dont témoigne Christophe, 28 ans : « J’avais 16 ans quand mon père s’est remarié avec une fille qui avait l’âge de ma soeur aînée. De ce jour, il a perdu toute mon estime et je n’ai jamais pu accepter ma belle-mère. »

Mais heureusement, dans d’autres cas plus favorables, le temps jouant, associé à la bonne volonté des uns et des autres, les relations peuvent évoluer dans le bon sens. Ce qui au départ était apparu insurmontable ne l’est plus. « Parfois l’aide d’un tiers, comme un thérapeute familial, peut être nécessaire, souligne Gérard Poussin. Pour que les uns et les autres s’apprivoisent, acceptent les changements d’habitudes et fassent les compromis inévitables de toute vie commune. »

Arrive le moment où chacun est assuré de sa place dans la nouvelle constellation familiale, où les droits et les devoirs de tous ont été reconnus, les règles de vie établies. Une nouvelle forme de vie familiale peut alors exister et de nouveaux liens se tisser. Avec, pour l’enfant, la certitude d’avoir gardé l’amour de ses parents et gagné la bienveillance d’un autre adulte. Pour le reste, c’est la capacité de chacun à bien vivre ensemble qui fera la différence. Comme dans toute famille.

 Par Agnès Auschitzka

Divorce: Quels droits pour les grands-parents ?

grands parents et le divorce - 2houses

Les grands-parents sont de plus en plus fréquemment confrontés au désarroi de se voir priver de tout contact avec leurs petits-enfants, du fait, le plus souvent, des relations distendues entretenues avec leurs propres enfants.  Ils sont souvent peu au fait de la procédure applicable, qui, il faut le dire, n’est pas des plus simples.  En effet, si la loi a simplifié les actions familiales, l’action réservée aux grands-parents est restée à l’écart de cette simplification….Par ailleurs, il est intéressant de savoir ce qui est consacré par la loi et la position de la jurisprudence en la matière.

Grand-père, Grand-mère, concerné(e) par cette situation, voici les questions que vous vous posez peut être :

Quels sont mes droits vis-à-vis de mes petits-enfants ?
L’article 371-4 alinéa 1er du code civil consacre le droit de l’enfant d’entretenir des relations personnelles avec ses ascendants, c’est-à-dire le droit de leur rendre visite, le droit de leur écrire ou encore de leur téléphoner.  Les conditions dans lesquelles s’exercent ces relations sont définies librement avec les parents de l’enfant.  En revanche, il arrive que le dialogue soit interrompu avec les parents de l’enfant, en raison d’un divorce par exemple. Un recours au juge doit alors être envisagé.

Quel juge saisir ?
Le juge aux affaires familiales est compétent, sauf lorsque l’enfant est placé. Dans ce cas, le juge des enfants est exclusivement compétent.

Comment agir ? 

L’assistance d’un avocat est obligatoire.
Le juge est saisi par voie d’assignation et l’action est généralement dirigée à l’encontre des parents de l’enfant.
La procédure est écrite et souvent longue.
Une procédure d’urgence peut être envisagée, mais il est rare en pratique que la condition de l’urgence soit remplie.
Le ministère public aura communication des demandes qui sont formées en la matière. Comme en matière de filiation, le ministère public doit veiller à la sauvegarde de l’ordre public en matière familiale.

Quelles sont les conditions légales me permettant de bénéficier d’un droit de visite ? 
Avant la loi du 5 mars 2007, les relations personnelles de l’enfant avec ses grands-parents pouvaient être exclues pour «motifs graves».
La loi n°2007-293 du 5 mars 2007 est venue modifier l’article 371-4 du code civil, qui prévoit désormais que «seul l’intérêt de l’enfant peut faire obstacle à l’exercice de ce droit».
Désormais donc, le juge prend en considération l’intérêt de l’enfant pour accorder ou refuser un droit de visite avec un ascendant.
Il reste que l’intérêt de l’enfant est un concept fuyant, de sorte que le juge fait une analyse au cas par cas.

En cas de conflit ouvert avec le père ou la mère de l’enfant, le juge peut-il néanmoins m’accorder un droit de visite ?
Oui, si le juge estime que le maintien de cette relation avec un ascendant lui parait conforme à l’intérêt de l’enfant.

Quid du cas où l’enfant n’a plus de contact avec l’un de ses parents, qui est mon propre fils ou ma propre fille?

Dans cette hypothèse, le juge pourrait théoriquement être plus réticent à vous accorder un droit de visite.
Force est pourtant de constater que le juge fait preuve de beaucoup de pragmatisme et analyse la situation au cas par cas.
Ce qui se dégage cependant est que la seule opposition du ou des parents de l’enfant ne suffit pas à justifier leur refus, non plus que le seul conflit existant avec vous.
Le juge vérifie dans ce cas que vous êtes aptes à établir des relations sereines avec vos petits-enfants en faisant abstraction du conflit familial. Il est également précisé que le juge est souvent enclin à ordonner une médiation familiale, ou une mesure d’expertise médico-psychologique lorsque les conflits intra-familiaux sont complexes.
Enfin, l’avis de l’enfant reste un élément important pour déterminer si le maintien des relations qu’il entretient avec ses grands-parents est contraire ou non à son intérêt. Rappelons que l’enfant doit, pour pouvoir être entendu, être capable de discernement.

Quelles sont les modalités du droit de visite que je peux raisonnablement espérer obtenir ? 

Il appartient au juge d’apprécier quel est le meilleur aménagement pratique. Il s’agira le plus souvent d’un week-end par mois et d’une partie des vacances.
Mais le juge peut aussi fixer un droit de visite réduit, notamment lorsque les relations ont été longtemps ou violemment interrompues. Il peut également fixer le droit de visite en lieu neutre. Cela peut être le cas lorsqu’il y a un risque pour l’enfant d’entrer en contact avec l’un de ses parents par votre intermédiaire, lorsque le juge estime que cela serait contraire à son intérêt.

Par maître Cécile Steil via elledivorce.com

Divorce : Les enfants souffrent mais croient encore au mariage

mariage et les enfants de divorcés - 2houses

Plus d’un enfant de divorcé sur deux souffre de la séparation de ses parents… La bonne nouvelle en revanche, c’est que la plupart d’entre eux s’en remettent et croient encore au grand amour.

Voici une étude qui risque sinon de faire culpabiliser du moins de troubler quelques-uns des 130.000 couples qui divorcent chaque année en France. Selon une enquête réalisée par l’Union des Familles en Europe (UFE), plus de six enfants de divorcés sur dix (63%) assurent avoir énormément souffert de la séparation de leurs parents. On avait déjà étudié les conséquences du divorce sur la santé des petits mais c’est la première fois que l’on s’intéresse à leur « ressenti ». Pour Dominique Marcilhacy, porte-parole du l’UFE, il s’agit avant tout de démontrer qu’il faut « arrêter de banaliser le divorce et s’intéresser un peu plus au point de vue des enfants ». En France, 2,9 millions de mineurs ne vivent plus entre leurs deux parents.

Sentiment d’abandon et d’isolement durable

En effet, pour 59% des 1.137 adultes interrogés en 2010, cette rupture a créé un sentiment durable d’abandon et d’isolement. Surtout, 56% des enfants disent avoir été affectés dans leurs études, 41% dans leur vie professionnelle et 88% dans leur personnalité.
Parmi les autres résultats intéressants de cette étude, ceux qui montrent que plus les « enfants » grandissent, plus ils « pardonnent » à leurs parents d’avoir divorcé. Ainsi, si 48% des 18-24 ans affirment souffrir de la séparation, ils ne sont plus que 15% après 56 ans.

Les enfants de divorcés ne divorcent pas davantage

Autre enseignement important de l’étude de l’UFE : les enfants de divorcés ne divorcent pas plus que les autres. Et la séparation de leurs géniteurs n’empêche pas les trois quarts d’entre eux (précisément 72%) à croire au grand amour et à 82% de croire au mariage.
Cependant, même si les parents retrouvent une vie amoureuse stable, le nouveau conjoint n’est pas forcément le bienvenu : ainsi, 58% des belles-mères et 46% des beaux-pères récoltent une opinion négative.

source: France Soir

Le divorce, avantage estival

avantages du divorce - 2houses

« C’est l’été ! Mon fils est triste, car il ne verra pas ses copains. Mais je ne m’inquiète pas : dans deux heures, il les aura oubliés. C’est le bonheur de l’enfance : les tristesses express. Et surtout, il pense aux vacances : « C’est super que vous soyez séparés avec maman car, comme ça, je pars encore plus ! » Il a prononcé cette phrase avec une mine subitement illuminée.

 
Moi, je ne lui avais jamais mis cette idée en tête. Je ne fais pas partie de la catégorie des parents aux mœurs douteuses, qui vantent ainsi les mérites du divorce. Mais on voit souvent dans les médias des familles réjouies, rafistolées, comme si le bonheur, aujourd’hui, était un patchwork. Les séparations se sont donc transformées en avantages. C’est alors que j’ai repensé au début des années 1980. Je me suis souvenu d’un enfant qui avait des parents divorcés quand j’étais au CP. À l’époque, c’était peu courant. Voire très rare.Ma mère m’avait dit : « Il faut être très gentil avec lui. » Je me souviens avoir pensé : « Ah oui, c’est un peu comme s’il était malade. » À nos yeux, il venait d’une autre planète. Les enfants de divorcés étaient des échantillons d’un autre monde, quelque chose d’étrange et de hors normes. On n’osait rien dire, cela nous paraissait fou, l’idée d’avoir deux maisons et, pire que tout, cela voulait dire : passer des soirées seul avec son père. Ces enfants-là, à l’époque, ils avaient toujours l’air un peu tristes. Portant sur leur dos le poids de leur différence. C’est bien simple, on était en plein succès du film E.T., et, pour moi, cela ne faisait pas de doute : les parents d’E.T. étaient forcément divorcés. Tout cela a donc bien changé. Et peut-être même que, dans quelques années, on devra être très gentils avec les enfants dont les parents sont encore ensemble ! « Quoi ? Tu n’as qu’une seule maison ? Tu ne te trimballes pas à droite et à gauche tout le temps ? Quel ennui ! »

Tout ce que nous vivons est lié aux modèles de notre enfance. Alors je me pose une question : ma génération vit sa vie sentimentale avec le souvenir que la séparation est une chose exceptionnelle, mais comment vivra celle de mon fils avec tant d’exemples de familles recomposées ? Si un jour il se marie, pourra-t-il croire un seul instant à l’union pour la vie ? Peut-être que son avenir sentimental sera composé d’amours changeantes. Ce sera alors comme un été permanent. »

Par Psychologies.com

Divorce : deux maisons, deux éducations ?

divorce et l'éducation des enfants - 2houses

Laxisme chez papa, rigidité chez maman… Lors d’une séparation, les principes éducatifs se trouvent souvent au cœur du conflit. Malgré les divergences de valeurs et le désamour au sein du couple, l’important est de sauvegarder le lien parental et de protéger les enfants de la guerre des ex.

Un divorce, c’est une évidence, sépare les conjoints. Pas les parents. En théorie. Mais en pratique, il arrive bien souvent que l’accord éducatif qui prévalait avant le divorce vole en éclats. Les différences de points de vue, de valeurs et de principes deviennent alors autant de sources de conflits, alimentés par la rancœur ou la rivalité. « Lorsque le père et la mère vivent ensemble, les règles éducatives ne sont pas énoncées, explique Jocelyne Dahan (directrice du Centre de recherche et de médiation à Toulouse et coauteure de Se séparer sans se déchirer, Robert Laffont, 2000). Chacun a son rôle et le consensus s’opère. Mais avec la séparation, tout se focalise sur les divergences. Et lorsque la communication est difficile, tout ce que fait ou propose l’autre parent est refusé et rejeté, juste par principe. »

Brutalement confrontés à la réalité de la séparation, parfois pris dans les tirs croisés de ces deux adultes qui continuent leur guerre, les enfants sont encore plus fragilisés par deux modes d’éducation opposés.

Des différences inévitables

« L’idéal serait évidemment que les parents séparés parviennent à assurer une certaine cohérence éducative, estime Jacques-Antoine Malarewicz (Le complexe du petit prince, Robert Laffont, 2003), psychiatre et thérapeute familial. Je dis toujours à ceux que je reçois que si les choix amoureux et conjugaux sont multiples, les choix parentaux, eux, sont limités. Concrètement, cela signifie que, dans ses deux foyers, l’enfant doit rester à sa place d’enfant – ni instrument, ni confident –; que ses parents doivent veiller à son confort physique et psychique; et qu’ensemble, ils doivent cerner les points sur lesquels ils vont garder tous deux le cap : la gestion du temps – jeu, travail –, du territoire – sa chambre – et ses liens avec l’extérieur – sorties, loisirs, téléphone portable, etc. »

Voilà pour les grands principes. Mais dans la réalité, ce sont sur des points très précis ou des modes de faire que les divergences éclatent : l’un reproche à l’autre des couchers trop tardifs, des devoirs insuffisamment contrôlés, des permissions de sortie trop généreusement accordées; ou l’inverse, une attitude trop protectrice ou trop contrôleuse. « Trop laxiste ! »; « Trop rigide ! » : ce sont sans conteste, selon les thérapeutes et conseillers familiaux, les accusations les plus fréquentes. « Chacun est persuadé d’être dans son bon droit et, curieusement, ce n’est pas faux, convient

Stéphane Clerget, psychiatre pour enfants et adolescents. Car, dans le couple, il y a toujours un parent émancipateur et un parent protecteur, et l’enfant bénéficie de cet équilibre. Le conserver après le divorce est une bonne chose. »
Si l’enfant essaie de tirer avantage des différences éducatives, sur le mode « Mais chez papa – ou chez maman –, j’ai le droit de… », pas question de se perdre en longues explications ou justifications. « Il suffit de lui répondre : “Chez ton père, ça se passe comme ça, ici ça se passe autrement !” conseille le psychiatre. L’important est qu’il comprenne qu’il y a un cadre pensé et posé pour lui dans chaque foyer. C’est cela qui le rassure et le structure. À partir du moment où il n’y a pas d’excès, ni d’un côté ni de l’autre, donc pas de préjudice pour l’enfant, peu importe si ce cadre est un peu trop lâche chez l’un et un peu trop serré chez l’autre. »

Essayer de s’entendre sur les grandes lignes éducatives, et non sur les détails, c’est aussi ce que préconise Jacques-Antoine Malarewicz aux couples séparés. Car c’est dans les détails que s’expriment la singularité et la créativité de chacun. Un mode de vie bohème chez l’un, plus traditionnel chez l’autre… Peu importe le style, l’essentiel est que les mêmes règles de vie et interdits s’imposent à l’enfant dans ses deux maisons.

Le prétendu bien de l’enfant

Le problème se pose, précisément, lorsque le mode de vie ou d’éducation de l’autre parent est jugé préjudiciable à l’enfant – bien que dans les faits, ce soit rarement le cas, observent les conseillers familiaux et conjugaux. Les ex-conjoints continuent en réalité à régler leurs comptes au nom du prétendu bien des enfants, qui en souffrent, bien plus que d’avoir à s’adapter à deux modes de vie différents.

« La séparation ou le divorce ravivent des blessures, des rancœurs, mettent à jour des divergences trop longtemps refoulées, remarque Jocelyne Dahan. Il est par exemple fréquent que dans les cas de biculturalité, après le divorce, chacun retourne vers ses traditions et ses valeurs. Il n’est alors pas rare de voir celui chez qui vit l’enfant tenter d’effacer toute trace de l’histoire de l’autre. »
Même désir d’affirmation de soi au détriment de l’autre chez ceux qui laissaient leur conjoint, par confort ou par faiblesse, prendre toutes les décisions éducatives pour deux. « Refuser tout de l’autre ou faire exactement le contraire de ce qu’il fait exprime la plupart du temps une réaction agressive contre son ex-conjoint, et non un véritable choix éducatif, assure Stéphane Clerget. Dans ces cas-là, il faut faire preuve d’un peu de patience car, avec le temps, les réactions excessives s’atténuent. N’oublions pas que seul l’enfant est un baromètre fiable. »

En effet, si le grand écart entre deux foyers est trop difficile à faire, l’enfant l’exprimera par son comportement davantage que par des mots : tristesse, colère, mutisme, repli sur soi, agressivité, troubles psychosomatiques… « Quand les symptômes se manifestent avec entêtement, il est nécessaire de s’interroger sur la façon dont il vit ce qu’on lui impose, poursuit Stéphane Clerget. Et si les conflits semblent trop importants ou si le dialogue est rompu, il ne faut pas hésiter à demander de l’aide à un professionnel. L’enfant qui se sent déjà coupable du divorce a tendance à prendre sur lui plutôt qu’à remettre en cause l’un de ses parents. »

Rester « parents malgré tout »

Les professionnels de l’enfance s’accordent tous sur un point : les seules différences éducatives qui perturbent en profondeur l’équilibre de l’enfant sont toujours celles qui prennent racine dans le rejet de l’autre parent. C’est le cas lorsque le couple parental a disparu avec le couple conjugal, et que les règlements de comptes et les rivalités priment sur le projet éducatif. « La coparentalité, c’est faire survivre le couple père-mère dans la tête et le cœur de l’enfant, rappelle Stéphane Clerget. Si ce couple reste vivant, même dans le conflit, l’enfant fera avec les différences de l’un et de l’autre. »

Mais rester « parents malgré tout » impose de garder un degré minimum de communication. Or, constatent les professionnels de la famille, trop souvent, c’est l’enfant qui est chargé de faire l’agent de liaison. Un rôle dont les adultes ne mesurent pas toujours les conséquences. « L’enfant messager se croit responsable de la parole qu’il porte, laquelle est rarement un compliment ou un salut amical, analyse Stéphane Clerget. Il se sent responsable de la colère, de la tristesse ou de l’agacement qu’il suscite en transmettant les messages et, avec le temps, il va finir par vivre sa propre parole comme potentiellement dangereuse. Ou alors il va “érotiser” cette fonction d’intermédiaire qui lui permet de s’imaginer prendre la place du père ou de la mère, ce qui est tout aussi ravageur pour lui. »

Selon Jocelyne Dahan, inutile pourtant de se forcer à se rencontrer lorsque la séparation a été très douloureuse pour l’un ou l’autre. « Afin de pouvoir s’entendre par la suite, il faut respecter le rythme et le travail de deuil de chacun, sans oublier toutefois qu’informer le coparent de tout ce qui concerne la vie de son enfant est un devoir et non une faveur ! » L’essentiel est que l’enfant sente que, au-delà des divergences qui les opposent et les séparent, son père et sa mère gardent un projet commun : lui assurer le meilleur présent et le meilleur avenir possible. Lorsque cette certitude, vitale, reste ancrée dans l’enfant, envers et contre tout, alors les parents peuvent se dire qu’ils n’ont pas trop mal rempli leur mission.

Témoignage

« C’est rigolo d’avoir deux maisons », Anatole, 10 ans

« Ça va faire quatre ans que mes parents sont séparés et je me suis complètement habitué à la garde alternée, même si, parfois, je préférerais ne pas avoir à changer de place. Ça m’énerve quand j’oublie quelque chose ou quand j’ai envie de voir mon autre parent. Parfois, je n’ai pas envie de repartir, parce que j’ai pris mes habitudes. Mais la plupart du temps, je trouve que c’est rigolo d’avoir deux maisons. Je vois d’autres gens, j’ai d’autres amis de quartier, d’autres affaires, que je redécouvre chaque semaine. Par exemple, ma chambre est beaucoup plus grande chez mon père ! Mes deux parents ont retrouvé quelqu’un dans leurs vies. La différence, c’est que, chez mon père, j’ai une petite sœur. Du coup, il y a toujours quelqu’un à la maison. Mais le week-end, on ne peut pas tellement sortir. Alors qu’avec ma mère, on bouge beaucoup plus, c’est mieux ! Ce qui est bien aussi chez mon père, c’est que je vais plus tard au lit et qu’on regarde toujours des films quand je n’ai pas école le lendemain, alors que chez ma mère, je me couche tôt. »

Source

Critiques du film « Les papas du divorce »

les papas du dimanche

Les papas du dimanche est un film réalisé par Louis Becker avec Thierry Neuvic, Hélène Fillières, Olivier Baroux. Les Papas du dimanche est adapté d’un livre éponyme écrit par François D’Epenoux

Synopsis:

Trompé par sa femme, Antoine quitte le foyer et va s’installer chez Léo, son ami d’enfance. Léo et sa femme Léa, vont l’aider à surmonter cette épreuve. Le plus dur pour lui, c’est le manque de ses trois enfants. Le fameux week-end sur deux qui fait de vous un Papa du dimanche, un peu amateur, comme l’est un pêcheur ou un conducteur du dimanche. La vie doit continuer, le sourire et la joie revenir. Un apprentissage difficile puis progressivement joyeux de cette nouvelle vie où même une nouvelle rencontre amoureuse trouvera peut-être sa place…

Bande Annonce:

Critique Presse (2.0/5) :

Le Parisien

Thierry Neuvic est vraiment un acteur formidable. Ce papa poule émouvant parvient à nous embarquer dans son sillage, tout comme Olivier Baroux (…) et la belle Hélène Fillières, idéale amoureuse pour un horizon plus radieux.

Le Point

Malgré une mise en scène purement fonctionnelle et la menace des clichés, « Les papas du dimanche », dans le genre sociologique, touche juste et bénéficie des prestations de Marilyne Canto et Hélène Fillières.

Le Figaroscope

Louis Becker ne quitte pas les chemins balisés et signe un télé-film bien conventionnel.

Critiques Spectateurs (3,4/5)

titto66

Vraiment , voila un tres bon film sur un sujet difficile , mais traiter avec delicatesse. Les comediens sont tres bons, felicitions aux enfants.Attention voila un nouveau becker dans le monde de la realisation et ca commence plutot bien.

Didier Grange

Antoine, la quarantaine découvre tout à coup que sa femme qui lui a donné trois beaux enfants la trompe avec son associé… Il la quitte et se réfugie chez un couple d’amis… Pour lui c’est le début d’une nouvelle vie, il va falloir réécrire une nouvelle page avec tout ce que ça comporte… Pas besoin d’avoir connu le divorce pour apprécier ce genre de film, et surtout l’outrage subi par ce très honnete père d efamille pourtant idéal… Se reconstruire à cet age ne doit pas etre si aisé, et on compatit avec lui, on l’encourage, on l’attriste, on l’applaudit… Bref, un excellent divertissement avec un exellent acteur principal Thierry Neuvic aux faux airs de Marc Lavoine ! A voir ! 15 sur 20 !

César D.

il manque un petit quelque chose pour que ce film fasse « cinéma », mais c’est très bien joué (les adultes et les enfants sont tous très justes). alors oui, c’est un téléfilm, mais un excellent téléfilm. les situations sont très plausibles, les dialogues réalistes. pour une fois, on voit le divorce vu par le père et les enfants. et les amis!

MimaNounoune

Très joli film : émouvant, touchant, drôle et optimiste. Louis Becker a su traiter simplement un sujet qui concerne beaucoup de familles. Des scènes évidentes dans ce genre de contexte mais tellement réalistes que les personnes concernées s’y retrouveront. Les acteurs sont justes, on dirait qu’ils ne jouent pas. Allez y.

3 bonnes raisons de voir ce film

  1. Pour découvrir la première réalisation du fils de Jean Becker et du petit fils de Jacques Becquer
  2. Pour la bande-originale (chanson inédite de Pauline Croze, reprise de Noir Désir par Sophie Hunger…)
  3. Une comédie douce et touchante, portée par Thierry Neuvic.

    Critique de Louis Becker via Allocine.com

La résidence alternée doit être une option et non une obligation, Par Danielle Moos, Avocat.

garde alternée et enfants

Des députés veulent faire adopter une nouvelle loi imposant, par défaut, la garde alternée des enfants aux parents. Une telle loi, selon Danielle Moos, avocat spécialisée en droit de la famille, n’est pas souhaitable. En effet, le juge doit garder toute la latitude nécessaire pour apprécier, en son âme et conscience, et au cas par cas, la solution la plus conforme aux intérêts des enfants.

Depuis la loi du 4 mars 2002, la résidence alternée est un principe inscrit dans le Code civil. C’est donc un choix supplémentaire qui s’offre au juge lorsqu’il doit trancher le sort des enfants dans le cadre d’une séparation des parents. Après avoir honni des années durant ce mode de garde, dont on supposait qu’il déséquilibrait l’enfant, certains psychologues l’ont préconisé avec force. Ce qui a conduit en mars 2009 les députés Mallié et Decool à concevoir une proposition de loi visant à « affirmer avec force que la résidence en alternance égalitaire est préférable dès lors que l’un au moins des deux parents la demande sur la base de critères matériel, géographique et moral. » Une nouvelle mouture de cette proposition (n° 3835) a été déposée en octobre 2011, mais elle n’est toujours pas inscrite à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale.

Tel le rocher de Sisyphe…

Que penser des incessantes variations du législateur qui croit remédier au mal-être des enfants par un empilement continu de lois ? Tel Sisyphe déplaçant son rocher, le législateur fait, défait et refait ce qu’a voté son prédécesseur, selon les convictions du moment.

Comment les juges aux affaires familiales pourraient-ils se satisfaire d’une loi qui se veut innovante, mais qui leur impose une solution ?

Aucune loi ne peut éviter la souffrance des enfants

Si l’on considère le point de vue de l’enfant, que souhaite-t-il au plus profond de lui ? Que ses parents, ses véritables génies tutélaires, restent ensemble et que lui-même, fruit de leur amour, soit le ciment indestructible d’un foyer uni. Et aucune loi ne pourra l’empêcher d’avoir ce sentiment.

On a bien souvent dit que les enfants étaient les oubliés du divorce. C’est vrai dans la mesure où leur intérêt propre est de moins en moins pris en compte, pour ce qu’il est, à savoir la grande proximité d’un enfant à son père et sa mère si l’on souhaite qu’il grandisse normalement.

Mesure-t-on ce que ressent un enfant lorsqu’il doit se partager entre deux résidences, deux milieux familiaux différents puisque, la plupart du temps, ses parents, désormais divorcés, ont refait leur vie et partagent l’existence d’un autre conjoint ? Et sa douleur lorsqu’il voit son père ou sa mère dans les bras d’un nouveau compagnon ou d’une nouvelle compagne ?

Ce ne sera jamais dans la loi qu’il faudra chercher les remèdes à cela.

La résidence alternée, une cote mal taillée.

La résidence alternée que certains voudraient voir généralisée n’est pas la panacée car tout dépend, en fait, de son adéquation avec le milieu et le caractère de l’enfant concerné.

Et elle ne mérite ni ce surcroît d’honneur ni cet excès d’indignité que les uns ou les autres lui confèrent. En fait, pour s’exprimer simplement, c’est une cote mal taillée, qui ne compensera jamais aux yeux de l’enfant la séparation irrémédiable de ses parents. Bien sur, la résidence alternée présente bien des avantages, notamment celui de ne pas éloigner durablement un enfant de l’un de ses parents. A la condition que l’enfant soit bien accueilli et bien intégré dans une nouvelle fratrie, ce qui n’est pas toujours le cas.

En d’autres termes, l’enfant doit se faire une place par lui-même, en ne comptant que sur ses propres forces, ce qui peut, parfois, le dépasser largement.

Le problème posé par la résidence alternée est un fait de conscience, et aucune loi ne pourra le mesurer et encore moins le résoudre. Elle peut, tout au plus, tenter d’y suppléer en accordant à l’enfant en souffrance la possibilité de diviser par deux son mal de vivre.

Laissons les juges juger en âme et conscience

Le législateur a été bien inspiré de faciliter, en quelque sorte, le divorce. Mais force est de constater que cette « dépénalisation sociale » du divorce a conduit maints parents à dissoudre le lien matrimonial avec une aisance déconcertante, prouvant que le sort de leurs enfants n’était pas leur préoccupation première.

Les juges aux affaires familiales n’ont pas de besoin de lois supplémentaires. Les lois existantes leur donnent toute une panoplie de solutions et de modulations des modes de garde des enfants. C’est à eux d’adapter leur jugement au cas spécifique de chaque enfant.

Ils doivent faire preuve d’une grande souplesse et surtout d’une grande empathie pour sentir ou deviner le traitement qui sera le plus profitable à l’enfant en l’aidant à surmonter ce terrible handicap qu’est la destruction de la cellule parentale où il est né.

A quand la résidence des enfants chez un tiers ?

Les juges ne sont pas au bout de leurs peines. La société évolue très vite, et dans une direction que l’on ne pouvait pas soupçonner il y a encore quelques années.

En effet, certains juges et avocats assistent de plus en plus souvent, avec effroi, à des scènes où les parents se disputent non pas «  comme autrefois » la garde des enfants ou la résidence alternée, mais au contraire, rejettent la charge et la responsabilité du ou des enfants sur l’autre conjoint qui, à son tour, s’en défend. Aucun des deux parents ne veut la garde.

Alors, à quand la résidence des enfants chez un tiers ? Cela se produit déjà.

Quel que soit le cas de figure, aucune solution ne sera jamais totalement satisfaisante pour les enfants. C’est presque la quadrature du cercle. Les avocats saisis de tels dossiers doivent faire preuve de lucidité et les juges aux affaires familiales d’une vigilance accrue. Car de leur décision, plus ou moins éclairée, dépend l’avenir radieux , ou lugubre, de nos adultes de demain.

Danielle Moos,  Avocat.

Comment rassurer ses enfants et éviter au maximum l’impact négatif du divorce ?

enfants et divorce

Parler et expliquer : 
Il faut que la situation soit claire pour lui, à savoir que sa place d’enfant est toujours préservée, et qu’il n’est pas responsable de la séparation et qu’il n’est pas en son pouvoir de modifier la situation.
Il faut le rassurer en paroles et en actes, sur l’amour de ses 2 parents, sans l’impliquer dans les conflits conjugaux.
Rester disponible et ouvert à ses questions : lui répondre simplement avec des mots de son âge et de façon authentique. Cacher la vérité à son enfant ne ferait qu’alourdir ses angoisses.
Or un enfant à qui l’on cache un événement grave, est un enfant qui peut développer divers troubles, dont de graves difficultés scolaires.

Relativiser les mauvais résultats : 
Ne pas se focaliser sur les résultats scolaires : les baisses de notes sont facilement trop investies par les parents, comme un signe d’échec. L’enfant n’est pas une machine à notes, de plus, s’il est suivi et aidé dans ses devoirs avec souplesse et régularité, il peut très vite récupérer ses moyens. Au contraire, si les parents se focalisent trop sur leur enfant en termes de réussite ou d’échec, l’enfant peut en venir à refuser tout apprentissage. Il est bon de rappeler aux parents que c’est en  » ratant  » que l’on apprend le plus !

Encourager, rassurer, redonner confiance :
Rester attentif à la souffrance de l’enfant, dans la période post-divorce, et ne pas hésiter à consulter en cas de troubles persistants tels que, cauchemars, peurs récurrentes, troubles du comportement, repli ou agitation excessive, irritabilité, perte d’appétit ou boulimie. Une étude, menée dans les années 85 par des chercheurs et professionnels de l’enfance, a démontré que la principale répercussion sur l’enfant résidait dans une forte baisse de confiance en lui, plus que dans les difficultés scolaires.

Conclusion :
Un enfant aimé, encouragé et respecté dans son identité et ses capacités réussira non seulement mieux à l’école, mais aussi dans sa vie. C’est pourquoi, nombres d’enfants de divorcés, dont les propres parents se sont montrés aimants et attentifs ont développé plus de capacités d’adaptation, de débrouillardise et de combativité que des enfants de familles unies, parce qu’ils avaient dû mobiliser leurs ressources et passer ce cap, accompagnés par leurs parents.

article de Marie Delambre pour elledivorce.com

Interview: «L’enfant se construit dans le dialogue avec ses parents»

dialogue et les enfants pour le divorce - 2hoses

INTERVIEW. – Claude Halmos, psychanalyste formée par Françoise Dolto, spécialiste de l’enfance, vient de publier Dis-moi pourquoi. Parler à hauteur d’enfant (Éd. Fayard).

Comparé au dialogue avec les professionnels, qu’est-ce qui  est vraiment spécifique au dialogue parents-enfant?

Claude HALMOS. – Le dialogue avec les professionnels (médecins, «psys»… ) est très important pour l’enfant car il crédite ceux-ci d’un savoir et d’un pouvoir et a donc souvent l’impression qu’à travers eux c’est la société tout entière qui le juge. Mais leur influence dépend toujours de l’image de lui-même qu’a l’enfant. Image qui se construit dans le dialogue avec ses parents. Quand un parent écoute son enfant, répond à ses questions, il lui signifie qu’il est un interlocuteur valable, digne de confiance et d’intérêt. Et il l’assure que son désir de savoir, loin d’être coupable, est légitime et positif puisqu’il lui permet de développer son intelligence. En lui parlant, le parent apprend à son enfant qui il est, ce qu’est le monde et lui donne la boussole qui lui permettra, toute sa vie, d’y circuler sans crainte.

De quoi un parent doit-il être conscient lorsqu’il parle à son enfant?

Le parent doit garder en tête que, lorsqu’il parle à son enfant, il lui donne par là même le droit de s’exprimer. Dès lors, si ce dernier n’a pas compris ce qui lui était dit, peu importe, car il pourra interroger à nouveau. Mais il est important, avant de répondre à un enfant, de l’interroger pour savoir ce qu’il croit être la bonne réponse, ce qu’il imagine. Cela permet de partir du point où il en est pour le faire progresser dans la connaissance ou, au contraire, le détromper.

Qu’est-ce qui le plus souvent parasite le dialogue parent-enfant?

Parler à son enfant a toujours été difficile pour les parents car ils craignent de le perturber en ne trouvant pas les bons mots, en en disant trop ou pas assez, etc. Mais ils se sentent, me semble-t-il, plus démunis encore aujourd’hui. Parce que le statut de l’enfant a changé mais surtout à cause de l’inflation de «conseils psys» qui envahissent les médias. Et qui tendent à leur faire croire qu’il y aurait, pour chaque problème, pour chaque âge, une «bonne façon de dire». C’est un leurre. Chaque parent doit parler à son enfant comme il le sent, comme il le peut, avec les mots qu’il trouve et sans craindre les émotions qui surgissent. L’enfant n’a que faire du «bien parler» car il entend toujours, au-delà des mots, l’amour et l’attention dont ils sont porteurs.

Et qu’est-ce qui peut aider le parent?

Je crois que ce qui permet au parent de se sentir une légitimité, c’est de se souvenir de l’enfant qu’il a été, des questions que cet enfant se posait et de la souffrance éprouvée quand elles restaient sans réponse. C’est cette conviction de la nécessité de la parole qui peut permettre au parent de dépasser ses craintes et de parler.

Peut-on tout dire à un enfant?

Il ne s’agit en aucun cas de tout dire à un enfant car il doit, dans le dialogue, rester à sa place d’enfant. On doit donc lui dire ce qui le concerne: sa filiation, ce qui va l’affecter (la maladie ou la mort de ses proches) ou modifier sa vie (divorce, déménagement, nouvelle naissance…), mais uniquement cela. Dans un divorce, par exemple, on doit lui expliquer la séparation du couple, le fait que ses parents, même séparés, continueront à se charger ensemble de son éducation. Mais il n’a rien à savoir des dissensions du couple. Cela ne le regarde pas et il faut le lui expliquer clairement.

Lien vers le livre (Amazon): « Dis-moi pourquoi: Parler à hauteur d’enfant »

Interview de Pascale Senk pour sante.lefigaro.fr

« La garde alternée, un débat mal posé »

garde alternée

Le principe ne saurait souffrir de remise en cause s’il est considéré que la résidence alternée (le terme de résidence s’étant substitué à celui de «garde » précisément depuis la loi n° 2002-305 du 4 mars 2002) doit préserver des liens privilégiés et diversifiés de l’enfant avec chacun de ses parents séparés, c’est-à-dire éviter que l’un des deux ne soit qu’un parent du dimanche et des vacances, trop facilement mis à l’écart d’une prise en charge du quotidien. La résidence alternée ne peut qu’encourager les parents à maintenir un dialogue sur leurs choix éducatifs, et un partage de responsabilités, dans l’intérêt de leur enfant.

Ce qui est davantage sujet à caution, et beaucoup moins discuté, ce sont les modalités de la résidence alternée. Beaucoup de décisions sont inopportunes au regard de l’équilibre de l’enfant. Le critère de l’intérêt de l’enfant reste méconnu des parents qui entendent avant tout obtenir un temps égal à celui de l’autre parent. La Cour de cassation a tranché que la résidence alternée pouvait aboutir à autre chose qu’un enfant coupé en deux et que la qualité de la relation devait primer sur un temps strictement partagé à égalité.

Mais il faut savoir que les magistrats sont tenus de prendre leur décision en fonction des demandes des parents sauf à refuser, de manière motivée, une demande qui leur paraîtrait préjudiciable à l’intérêt de l’enfant. Enfin, la représentation de la mère comme figure d’attachement incontournable reste encore très prégnante, quand bien même les pères présenteraient des qualités identiques de garantie d’une bonne construction de la personnalité de l’enfant ; irait-on reprocher à un veuf de mettre en péril l’avenir de son enfant en l’élevant seul ?

Un enfant a besoin pour grandir de chacun de ses deux parents et de sentir que chacun de ses parents reconnaît les qualités de l’autre. Le décompte du temps devient dès lors secondaire, l’essentiel restant la disponibilité que chacun des parents, compte tenu de sa vie professionnelle et personnelle, peut accorder à l’enfant pendant un temps donné.

 

De son côté, l’enfant a besoin de stabilité et de pouvoir se poser ; l’organisation de la résidence alternée doit d’abord tenir compte de ce besoin essentiel. Il ne faut pas s’étonner qu’un enfant finisse par exploser littéralement en morceaux lorsqu’il se trouve contraint, à longueur d’année, de ne jamais passer plus de deux nuits dans le même lit, au motif que chacun des parents veut « profiter » au maximum et ne supporte pas plus de deux jours de séparation d’avec l’enfant, confondant l’intérêt de celui-ci avec le sien propre! Un partage par quinzaine peut être envisagé si cela apporte plus de confort à l’enfant; des parents géographiquement éloignés peuvent décider d’une rotation par année, voire tous les deux ans si l’un d’eux est domicilié à l’étranger. Toute solution incluant une inégalité de temps doit être recherchée si elle apporte un meilleur équilibre à l’enfant. Enfin, qu’elle soit alternée ou non, la résidence doit être évolutive dans ses modalités lorsque l’enfant grandit pour ne pas être une contrainte à laquelle il se soumet au détriment de ses propres aspirations et pour se préserver de la persistance d’un conflit parental.

Il ne s’agit donc pas de savoir si la résidence alternée est bonne ou non pour l’enfant, mais surtout d’abandonner l’idée que celui-ci est la propriété de ses parents, et comme tel, réduit à la position d’un objet à découper suivant le pointillé, comme un chiffon de papier. Si les parents manquent d’imagination pour inventer le cadre de vie de leur enfant, il n’appartient pas aux juges de le faire à leur place.

Source: Article tiré du blog du journal Le Monde et rédigé par Colette Clément-Barthez,  Magistrate retraitée, ancienne conseillère juridique de la Défenseure des Enfants